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RÉVOLUTION FRANÇAISE.

et les principales villes du Midi. Dans le Calvados, l’insurrection avait eu le même caractère de royalisme, depuis que le marquis de Puisaye, à la tête de quelques troupes, s’était introduit dans les rangs girondins. Les villes de Bordeaux, de Nantes, de Brest, de Lorient étaient favorables aux proscrits du 2 juin, et quelques-unes se déclarèrent pour eux ; mais elles ne leur furent pas d’un grand secours, parce qu’elles furent retenues par le parti jacobin, ou par la nécessité de combattre les royalistes de l’Ouest.

Ceux-ci, pendant cette levée presque générale des départements, étendaient leurs entreprises. Après leurs premières victoires, les Vendéens s’étaient emparés de Bressuire, d’Argenton, de Thouars. Entièrement maîtres de leur propre pays, ils projetèrent d’en occuper les barrières, et de s’ouvrir le chemin de la France révolutionnaire, ainsi que des communications avec l’Angleterre. Le 6 juin, l’armée vendéenne, composée de quarante mille hommes, sous Cathelineau, Lescure, Stofflet, La Rochejacquelin, marcha sur Saumur, qu’elle enleva de vive force. Elle se disposa à attaquer et à prendre Nantes, pour assurer la possession de son propre pays et disposer du cours de la Loire. Cathelineau, à la tête des troupes vendéennes, partit de Saumur, après y avoir laissé garnison, prit Angers, passa la Loire, feignit de se diriger sur Tours et le Mans, et se jeta ensuite vivement du côté de Nantes, qu’il attaqua par la rive droite, tandis que Charette devait l’attaquer par la rive gauche.

Tout semblait se réunir contre la convention pour l’accabler. Ses armées étaient battues au Nord et aux Pyrénées, en même temps qu’elle était menacée par les Lyonnais au centre, les Marseillais dans le Midi, les Girondins dans une partie de l’Ouest et les Vendéens dans l’autre, et que vingt mille Piémontais pénétraient en France. La réaction militaire qui, après la brillante campagne de l’Argone et de la Belgique, avait eu lieu surtout à cause du désaccord de Dumouriez et des Jacobins, de l’armée et du gouvernement, s’était prononcée d’une manière bien plus désastreuse depuis la dé-