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RÉVOLUTION FRANÇAISE.

bert, sorti de prison, reparut à la commune. On lui mit sur le front une couronne, qu’il déposa sur le buste de Brutus, et il courut aux Jacobins crier vengeance contre les Douze. Alors Robespierre, Marat, Danton, Chaumette et Pache se réunirent pour organiser un nouveau mouvement. L’insurrection fut modelée sur celle du 10 août : on employa le 29 mai à y préparer les esprits. Le 30, des membres du collège électoral, des commissaires des clubs, des députés des sections, s’assemblèrent à l’Évéché, se déclarèrent en insurrection, cassèrent le conseil général de la commune, le réintégrèrent ensuite, en lui faisant prêter un nouveau serment ; Henriot reçut le titre de commandant général de la force armée, et les sans-culottes eurent quarante sous par jour, tant qu’ils seraient sous les armes. Ces déterminations prises, le 31, de grand matin, on sonne le tocsin, on bat la générale, on réunit les troupes, et l’on marche sur la convention, qui siégeait depuis quelque temps au château des Tuileries.

L’assemblée était en séance depuis longtemps ; elle s’était réunie au bruit du tocsin. Le ministre de l’intérieur, les administrateurs du département et le maire de Paris, avaient été successivement appelés à la barre. Garat avait rendu compte de l’agitation de Paris, et avait paru n’en craindre aucun résultat désastreux. Lhuillier, au nom du département, avait assuré que ce n’était là qu’une insurrection morale. Le maire Pache vint le dernier, et d’une manière hypocrite, il fit part des opérations des insurgés : il prétendit avoir employé tous ses efforts pour maintenir l’ordre ; il assura que la garde de la convention était doublée, et qu’il avait défendu de tirer le canon d’alarme. Mais au même instant, on l’entendit retentir au loin. La surprise et l’agitation furent extrêmes. Cambon invita l’assemblée à l’union ; il réclama le silence des tribunes : « Dans ces circonstances extraordinaires, dit-il, le seul moyen de déjouer les malveillants est de faire respecter la convention nationale. — Je demande, dit Thuriot, que la commission des Douze soit cassée à l’instant. — Et moi, dit Tallien, que le glaive de la loi frappe les conspirateurs qui sont dans le