une république réglée et de bonnes lois ; ils n’avaient ni club des Jacobins, ni tribunal révolutionnaire. Nous sommes dans un temps d’anarchie ; des tigres veulent ma tête, et je ne veux pas la leur donner. — Citoyen général, dit alors Camus, voulez-vous obéir au décret de la convention nationale, et vous rendre à Paris ? — Pas dans ce moment. — Eh bien ! je vous déclare que je vous suspends de vos fonctions ; vous n’êtes plus général, et j’ordonne qu’on s’empare de vous. — Ceci est trop fort ! » dit Dumouriez, et il fit arrêter par des hussards allemands les commissaires, qu’il livra aux Autrichiens comme otages. Après cet acte de révolte, il n’y avait plus à hésiter. Dumouriez fit une nouvelle tentative sur Condé, mais elle ne réussit pas mieux que la première ; il voulut entraîner l’armée dans sa défection, mais elle l’abandonna. Les soldats devaient préférer longtemps encore la république à leur général : l’attachement à la révolution était dans toute sa ferveur, et la puissance civile dans toute sa force. Dumouriez éprouva, en se déclarant contre la convention, le sort qu’avait éprouvé Lafayette en se déclarant contre l’assemblée législative, et Bouillé en se déclarant contre l’assemblée constituante. À cette époque, un général eût-il réuni la fermeté de Bouillé au patriotisme et à la popularité de Lafayette, aux victoires et aux ressources de Dumouriez, il eût échoué comme eux. La révolution, avec le mouvement qui lui était imprimé, devait être plus forte que les partis, que les généraux et que l’Europe. Dumouriez passa dans le camp autrichien avec le duc de Chartres, le colonel Thouvenot et deux escadrons de Berchiny ; le reste de son armée vint dans le camp de Famars, se réunir aux troupes commandées par Dampierre.
La convention, en apprenant l’arrestation des commissaires, s’établit en permanence, déclara Dumouriez traître à la patrie, autorisa tout citoyen à lui courir sus, mit sa tête à prix, décréta le fameux comité de salut public, et bannit de la république le duc d’Orléans et tous les Bourbons. Quoique les Girondins eussent, dans cette circonstance, attaqué Dumou-