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RÉVOLUTION FRANÇAISE.

L’empire germanique adhéra tout entier à la guerre : la Bavière, la Souabe et l’électeur Palatin se joignirent aux cercles belligérants de l’Empire. Naples suivit l’exemple du Saint-Siège, qui s’était déjà déclaré ; et il ne resta plus d’états neutres que Venise, la Suisse, la Suède, le Danemark et la Turquie. La Russie était encore occupée du second partage de la Pologne.

La république eut ses flancs menacés par les troupes les plus aguerries de l’Europe. Il lui fallut bientôt combattre quarante-cinq mille Austro-Sardes, aux Alpes ; cinquante mille Espagnols, aux Pyrénées ; soixante-dix mille Autrichiens ou Impériaux, renforcés de trente-huit mille Anglo-Bataves, sur le bas Rhin et en Belgique ; trente-trois mille quatre cents Autrichiens, entre Meuse et Moselle ; cent douze mille six cents Prussiens, Autrichiens et Impériaux, sur le moyen et haut Rhin. Pour faire face à tant d’ennemis, la convention décréta une levée de trois cent mille hommes. Cette mesure de défense extérieure fut accompagnée d’une mesure de parti pour l’intérieur. Au moment où les bataillons nouveaux quittèrent Paris, et se présentèrent à l’assemblée, la Montagne demanda l’établissement d’un tribunal extraordinaire pour soutenir au dedans la révolution, que les bataillons allaient défendre sur les frontières. Ce tribunal, composé de neuf membres, devait juger sans jury et sans appel. Les Girondins s’élevèrent de toutes leurs forces contre une institution aussi arbitraire et aussi redoutable, mais ce fut en vain ; car ils paraissaient favoriser les ennemis de la république, en repoussant un tribunal destiné à les punir. Tout ce qu’ils obtinrent, ce fut d’y introduire les jurés, d’en éloigner les hommes violents, et d’annuler son action, tant qu’ils conservèrent quelque influence.

Les principaux efforts des coalisés furent dirigés contre la vaste frontière depuis la mer du Nord jusqu’à Huningue. Le prince de Cobourg dut attaquer, à la tête des Autrichiens, l’armée française sur la Roër et sur la Meuse, pénétrer en Belgique, tandis que, sur l’autre point, les Prussiens marcheraient contre Custine, lui livreraient bataille, cerneraient Mayence, et renouvelleraient l’invasion précédente, après s’en