espèce qui gênent beaucoup le service et qui empêchent d’arriver librement auprès du roi, ce qui rebute beaucoup la garde nationale. — C’est mal à propos, repartit la reine, je vous réponds de tous les hommes qui sont ici ; ils marcheront devant, derrière, dans les rangs, comme vous voudrez ; ils sont prêts à tout ce qui pourra être nécessaire. Ce sont des hommes sûrs. On se borna à envoyer les deux ministres De Joly et Champion à l’assemblée pour l’avertir du danger, et lui demander des commissaires et son assistance[1].
La division existait déjà entre les défenseurs du château, lorsque Louis XVI les passa en revue à cinq heures du matin. Il parcourut d’abord les postes intérieurs, qu’il trouva animés des meilleures dispositions ; il était suivi de quelques personnes de sa famille, et il était extrêmement triste : « Je ne séparerai pas, dit-il, ma cause de celle des bons citoyens ; nous nous sauverons ou nous périrons ensemble. » Il descendit ensuite dans les cours, accompagné de quelques officiers généraux. Dès qu’il arriva, on battit aux champs : le cri de Vive le roi ! se fit entendre, et fut répété par la garde nationale, mais les canonniers et le bataillon de la Croix-Rouge y répondirent par le cri de Vive la nation ! Dans le même instant survinrent de nouveaux bataillons, armés de fusils et de piques, qui, en défilant devant le roi pour se placer sur la terrasse de la Seine, crièrent Vive la nation ! vive Pétion ! Le roi continua la revue, non sans être attristé de ce présage. Il fut accueilli avec les plus grands témoignages de dévouement par les bataillons des Filles-Saint-Thomas et des Petits-Pères, qui occupaient la terrasse située le long du château. Pendant qu’il traversa le jardin pour visiter les postes du Pont-Tournant, les bataillons à piques le poursuivirent du cri : À bas le veto ! à bas le traître ! et lorsqu’il fut revenu, ils quittèrent leur position, se placèrent près du Pont-Royal et tournèrent
- ↑ Chronique des cinquante jours, du 20 juin au 10 août 1792, rédigée sur pièces authentiques, par P.-L. Rœderer ; 1832. L’histoire de cette époque y est racontée avec les plus grands détails et la plus scrupuleuse exactitude.