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ASSEMBLÉE NATIONALE LÉGISLATIVE.

Le 26 juillet, une insurrection devait éclater ; mais elle était mal ourdie, et Pétion l’arrêta. Lorsque les fédérés marseillais arrivèrent pour se rendre au camp de Soissons, les faubourgs devaient aller à leur rencontre, et marcher avec eux à l’improviste contre le château. Cette insurrection manqua encore. Cependant l’arrivée des Marseillais encouragea les agitateurs de la capitale, et il y eut entre ceux-ci et les chefs fédérés des conférences à Charenton pour le renversement du trône. Les sections étaient fort agitées ; celle de Mauconseil fut la première à se déclarer en insurrection, et elle le fit notifier à l’assemblée. On discuta la déchéance dans les clubs, et le 3 août, le maire Pétion vint la demander au corps législatif au nom de la commune et des sections. La pétition fut renvoyée à la commission extraordinaire des douze. Le 8, on discuta la mise en accusation de Lafayette. Par un reste de courage, la majorité le soutint vivement, et non sans péril. Il fut absous ; mais tous ceux qui avaient voté pour lui furent hués, poursuivis et maltraités par le peuple, au sortir de la séance.

Le lendemain, l’effervescence était extrême. L’assemblée apprit par les lettres d’un grand nombre de députés, que la veille, à la sortie de la séance, ils avaient été maltraités et menacés de la mort pour avoir voté l’acquittement de Lafayette. Vaublanc annonce qu’un attroupement a investi et fouillé sa maison pour l’y découvrir. Girardin s’écrie : « Point de discussion possible, sans une parfaite liberté d’opinion ; je déclare à mes commettants, que je ne puis délibérer si le corps législatif ne m’assure liberté et sûreté. » — Vaublanc demande avec instance que l’assemblée prenne les mesures les plus fortes pour que la loi soit respectée. Il demande aussi que les fédérés qui sont défendus par les Girondins, soient renvoyés sans retard à Soissons. Pendant ces débats, le président reçoit un message du ministre de la justice de Joly. Il annonce que le mal est à son comble et que le peuple est provoqué à tous les excès. Il rend compte de ceux commis dans la soirée de la veille, non seulement contre les députés, mais contre plusieurs autres personnes. « J’ai dénoncé, dit le