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ASSEMBLÉE NATIONALE LÉGISLATIVE.

placé devant Sedan et Mézières, traverserait la Meuse, et marcherait par Reims et Soissons sur Paris. Ainsi, du centre et des deux côtés, de la Moselle, du Rhin et des Pays-Ras, on s’avancerait concentriquement sur la capitale. D’autres corps d’armée, postés sur la frontière du Rhin et sur l’extrême frontière du Nord, devaient, en attaquant nos troupes de ces côtés, faciliter l’invasion centrale.

Le 25 juillet, au moment où l’armée s’ébranla et partit de Coblentz, le duc de Brunswick publia un manifeste au nom de l’empereur et du roi de Prusse. Il reprocha à ceux qui avaient usurpé les rênes de l’administration en France, d’y avoir troublé le bon ordre et renversé le gouvernement légitime ; d’avoir exercé contre le roi et sa famille des attentats et des violences renouvelés chaque jour ; d’avoir supprimé arbitrairement les droits et possessions des princes allemands en Alsace et en Lorraine ; enfin d’avoir comblé la mesure en déclarant une guerre injuste à sa majesté l’empereur, et en attaquant ses provinces des Pays-Bas. Il déclara que les souverains alliés marchaient pour faire cesser l’anarchie en France, arrêter les attaques portées au trône et à l’autel, rendre au roi la sûreté et la liberté dont il était privé, et le mettre en état d’exercer son autorité légitime. En conséquence, il rendit responsables les gardes nationales et les autorités, de tous les désordres, jusqu’à l’arrivée des troupes de la coalition. Il les somma de revenir à leur ancienne fidélité. Il dit que les habitants des villes qui oseraient se défendre seraient punis sur-le-champ, comme des rebelles, selon la rigueur de la guerre, et leurs maisons démolies ou brûlées ; que si la ville de Paris ne mettait pas le roi en pleine liberté, et ne lui rendait pas le respect qui lui était dû, les princes coalisés en rendaient personnellement responsables, sur leurs têtes, pour être jugés militairement, sans espoir de pardon, tous les membres de l’assemblée nationale, du département, du district, de la municipalité, de la garde nationale ; et que si le château était forcé ou insulté, les princes en tireraient une vengeance exemplaire et à jamais mémorable, en livrant