de la campagne, que les troupes régulières sur lesquelles on pût compter, en attendant que les nouvelles levées se formassent. Voici quel était, à cet égard, l’état de nos forces. La vaste frontière depuis Dunkerque jusqu’à Huningue était divisée en trois grands commandements. Sur la gauche, de Dunkerque à Philippeville, l’armée du Nord, forte d’environ quarante mille hommes et huit mille chevaux, était sous les ordres du maréchal de Rochambeau. Lafayette commandait l’armée du centre, composée de quarante-cinq mille hommes, de sept mille chevaux, et placée de Philippeville jusqu’aux lignes de Weissembourg. Enfin, l’armée du Rhin, de trente-cinq mille hommes et huit mille chevaux, avait pour chef le maréchal Luckner, qui occupait depuis les lignes de Weissembourg jusqu’à Bâle. La frontière des Alpes et des Pyrénées était confiée au général Montesquiou, dont l’armée était peu considérable ; mais cette partie de la France n’était pas encore exposée.
Le maréchal de Rochambeau était d’avis de rester sur la défensive et de garder nos frontières. Dumouriez, au contraire, voulait prendre l’initiative des mouvements, comme on avait pris celle de la guerre, afin de profiter de l’avantage d’être prêts les premiers. Il était fort entreprenant ; et comme il dirigeait les opérations militaires, quoiqu’il fût ministre des affaires étrangères, il fit adopter son plan. Il consistait dans une rapide invasion de la Belgique. Cette province avait tenté, en 1790, de se soustraire au joug autrichien, et, après avoir été un moment victorieuse, elle avait été soumise par des forces supérieures. Dumouriez supposait que les patriotes brabançons favoriseraient l’attaque des Français, comme un moyen d’affranchissement pour eux. Il combina une triple invasion dans ce but. Les deux généraux Théobald Dillon et Biron, qui commandaient en Flandre sous Rochambeau, reçurent l’ordre de se porter, l’un, avec quatre mille hommes, de Lille sur Tournai ; l’autre, avec dix mille, de Valenciennes sur Mons. En même temps Lafayette, avec une partie de son armée, partit de Metz, et se dirigea sur Namur à marches