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ASSEMBLÉE NATIONALE LÉGISLATIVE.

réunis dans les provinces belgiques, que pour prévenir l’invasion de ce pays, qu’il n’était pas encore prêt à repousser : mais il n’avait voulu que sauver les apparences, et il souffrait à Bruxelles un état-major d’officiers généraux en uniforme et avec la cocarde blanche. Enfin, les réponses du prince de Kaunitz aux explications demandées n’étaient nullement satisfaisantes. Il refusait même de traiter directement, et le baron de Cobentzel avait été chargé de répondre que l’Autriche ne se départirait pas des conditions imposées. Le rétablissement de la monarchie sur les bases de la séance royale du 23 juin ; la restitution de ses biens au clergé ; des terres de l’Alsace, avec tous leurs droits, aux princes allemands ; d’Avignon et du comtat Venaissin au pape : tel était l’ultimatum de l’Autriche. Ainsi tout accord cessait d’être possible ; il ne fallait plus compter sur le maintien de la paix. La France était menacée du sort que venait de subir la Hollande, et peut-être de celui de la Pologne : toute la question se réduisait à attendre ou à devancer la guerre, à profiter de l’enthousiasme du peuple, ou à le laisser refroidir. Le véritable auteur de la guerre n’est pas celui qui la déclare, mais celui qui la rend nécessaire.

Louis XVI se présenta, le 20 avril, à l’assemblée, accompagné de tous ses ministres. « Je viens, messieurs, dit-il, au milieu de l’assemblée nationale pour un des objets les plus importants qui doivent occuper l’attention des représentants de la nation. Mon ministre des affaires étrangères va vous lire le rapport qu’il a fait dans mon conseil sur notre situation politique. » Dumouriez prit alors la parole : il exposa les griefs que la France avait contre la maison d’Autriche ; le but des conférences de Mantoue, de Reichenbach et de Pilnitz ; la coalition qu’elle avait formée contre la révolution française ; ses armements devenus plus considérables ; la protection ouverte qu’elle accordait aux corps d’émigrés ; le ton impérieux et les lenteurs affectées de ses négociations ; enfin, les conditions intolérables de son ultimatum ; et, après une longue série de considérants, motivés sur la conduite hostile du roi de Hongrie et de Bohême (François II n’avait pas encore été