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RÉVOLUTION FRANÇAISE.

naissent les traités signés entre eux et la France, et qui affectent d’oublier qu’ils doivent à cet empire le traité de Westphalie, qui garantit leurs droits et leur sûreté. Ces préparatifs hostiles, ces menaces d’invasion, commandent des armements qui absorbent des sommes immenses, que la nation aurait versées avec joie entre les mains de ses créanciers.

C’est à vous, sire, à les faire cesser ; c’est à vous de tenir aux puissances étrangères le langage qui convient au roi des Français ! Dites-leur que partout où l’on souffre des préparatifs contre la France, la France ne peut voir que des ennemis ; que nous garderons religieusement le serment de ne faire aucune conquête ; que nous leur offrons le bon voisinage, l’amitié inviolable d’un peuple libre et puissant ; que nous respecterons leurs lois, leurs usages, leurs constitutions ; mais que nous voulons que la nôtre soit respectée ! Dites-leur enfin que si des princes d’Allemagne continuent de favoriser des préparatifs dirigés contre les Français, les Français porteront chez eux, non pas le fer et la flamme, mais la liberté ! C’est à eux de calculer quelles peuvent être les suites de ce réveil des nations. »

Louis XVI répondit qu’il prendrait en très grande considération le message de l’assemblée ; et, quelques jours après, il vint lui annoncer en personne ses résolutions à cet égard. Elles étaient conformes au vœu général. Le roi dit, au milieu des applaudissements, qu’il ferait déclarer à l’électeur de Trêves et aux autres électeurs que si, avant le 15 janvier, tous attroupements et toutes dispositions hostiles de la part des Français réfugiés ne cessaient point dans leurs états, il ne verrait plus en eux que des ennemis. Il ajouta qu’il écrirait à l’empereur, afin de l’engager, comme chef de l’empire, à interposer son autorité pour éloigner les malheurs qu’entraînerait une plus longue obstination de quelques membres du corps germanique. « Si ces déclarations ne sont pas écoutées, alors, Messieurs, dit-il, il ne me restera plus qu’à proposer la guerre ; la guerre, qu’un peuple qui a solennellement re-