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ASSEMBLÉE NATIONALE LÉGISLATIVE.

et plus beau de Roi des Français. Couthon renchérit encore sur cette motion, et proposa de donner au roi un simple fauteuil, entièrement semblable à celui du président. Ces demandes excitèrent une légère improbation de la part de quelques membres ; le plus grand nombre les accueillit avec empressement. « J’aime à croire, dit Guadet, que le peuple français vénérera toujours beaucoup plus, dans sa simplicité, le fauteuil sur lequel s’asseoit le président des représentants de la nation, que le fauteuil doré sur lequel s’asseoit le chef du pouvoir exécutif. Je ne parlerai pas, messieurs, des titres de sire et de majesté. Je m’étonne que l’assemblée nationale mette en délibération si elle les conservera. Le mot sire signifie seigneur ; il tenait au régime féodal, qui n’existe plus. Quant à celui de majesté, on ne doit plus l’employer que pour parler de Dieu et du peuple. »

La question préalable fut demandée, mais faiblement : on mit ces diverses propositions aux voix, et elles furent adoptées à une majorité considérable. Cependant, comme un pareil décret paraissait hostile, l’opinion constitutionnelle se prononça contre lui, et blâma cette rigueur trop excessive dans l’application des principes. Le lendemain, ceux qui avaient invoqué la question préalable demandèrent que les décisions de la veille fussent abandonnées. Le bruit se répandit en même temps que le roi ne se présenterait point à l’assemblée si le décret était maintenu, et le décret fut rapporté. Ces petits démêlés entre deux puissances qui craignaient entre elles des usurpations, des démarches de hauteur, et surtout de la mauvaise volonté, finirent là cette fois. Le souvenir en fut entièrement effacé par la présence de Louis XVI dans le corps législatif, où il fut reçu avec les plus grands respects et le plus vif enthousiasme.

Son discours eut pour principal objet la pacification générale. Il indiqua à l’assemblée les matières qui devaient attirer son attention, les finances, les lois civiles, le commerce, l’industrie, et la consolidation du gouvernement nouveau : il promit d’employer ses efforts à ramener l’ordre et la discipline