put devenir universelle, ni celle de Charles-Quint, ni celle de Louis XIV, les faibles se liguant toujours pour abaisser les plus forts, il s’établit, après diverses vicissitudes de supériorité et d’alliances, une espèce d’équilibre européen. Il n’est pas inutile de connaître ce qu’il était avant la révolution, pour bien apprécier les événements ultérieurs.
L’Autriche, l’Angleterre et la France avaient été, depuis la paix de Westphalie jusqu’au milieu du xviiie siècle, les trois grandes puissances de l’Europe. L’intérêt avait ligué ensemble les deux premières contre la troisième. L’Autriche avait à redouter la France dans les Pays-Bas ; l’Angleterre avait à la redouter sur mer. La rivalité de puissance ou de commerce les mettait souvent aux prises, et elles cherchaient à s’affaiblir ou à se dépouiller. L’Espagne, depuis qu’un prince de la maison de Bourbon occupait son trône, était l’alliée de la France contre l’Angleterre. Du reste, c’était une puissance déchue ; reléguée dans un coin du continent, affaissée sous le système de Philippe II, privée par le pacte de famille du seul ennemi qui pût la tenir en haleine, elle n’avait conservé que sur mer son ancienne supériorité. Mais la France avait d’autres alliés sur tous les flancs de l’Autriche : dans le nord, la Suède ; dans l’orient, la Pologne et la Porte ; dans le midi de l’Allemagne, la Bavière ; dans l’ouest, la Prusse ; et dans l’Italie, le royaume de Naples. Ces puissances ayant à redouter les envahissements de l’Autriche, devaient être naturellement les alliées de son ennemie. Placé entre les deux systèmes d’alliance, le Piémont était tantôt pour l’un, tantôt pour l’autre, suivant les circonstances et ses intérêts. La Hollande s’alliait à l’Angleterre ou à la France, selon que le parti du stathouder ou celui du peuple dominait dans la république. La Suisse était neutre.
Dans la dernière moitié du xviiie siècle, deux puissances s’étaient élevées dans le Nord, la Prusse et la Russie. La Prusse avait été changée de simple électorat en royaume important par Frédéric-Guillaume, qui lui avait donné un trésor et une armée, et par son fils Frédéric-le-Grand, qui s’en était servi pour étendre son territoire. La Russie, longtemps