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ASSEMBLÉE CONSTITUANTE.

CHAPITRE IV.

DEPUIS LE MOIS D’AVRIL 1791 JUSQU’AU 30 SEPTEMBRE, TERME DE L’ASSEMBLÉE CONSTITUANTE.

Politique de l’Europe avant la révolution française ; système d’alliances suivi par les divers états. — Coalition générale contre la révolution ; motifs de chaque puissance. — Conférences de Mantoue et circulaire de Pavie. — Fuite de Varennes ; arrestation du roi ; sa suspension. — Le parti républicain se sépare pour la première fois du parti constitutionnel monarchique. — Ce dernier rétablit le roi. — Déclaration de Pilnitz. — Le roi accepte la constitution. — Fin de l’assemblée constituante ; jugement sur elle.

La révolution française devait changer la politique de l’Europe ; elle devait terminer la lutte des rois entre eux, et commencer celle des rois avec les peuples. Cette dernière eût été beaucoup plus tardive, si les souverains eux-mêmes ne l’eussent pas provoquée. Ils voulurent réprimer la révolution, et ils l’étendirent ; car, en l’attaquant, ils devaient la rendre conquérante. L’Europe était alors arrivée au terme du système politique qui la régissait. L’existence des divers états, après avoir été tout intérieure sous le gouvernement féodal, était devenue tout extérieure sous le gouvernement monarchique. La première époque avait fini presque en même temps pour les grandes nations de l’Europe. Alors les rois qui avaient été si longtemps en guerre avec leurs vassaux, parce qu’ils étaient en contact avec eux, se rencontrèrent les uns les autres aux limites de leurs états et se combattirent. Comme nulle domination ne