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avait déjà engagé votre barbier[1] à vous couper la gorge dans le temps qu’il vous raserait.

86. Le roi fit aussitôt arrêter le vieillard et son fils, et le barbier, et ordonna que le vieillard et son fils fussent battus de verges, jusqu’à ce qu’ils eussent confessé la vérité.

87. Cela fut exécuté avec une rigueur extrême, et on les éprouva par toutes sortes de supplices, sans qu’on pût jamais venir à bout de leur faire avouer des crimes dont ils n’étaient point coupables.

88. Le fils du vieillard ayant vu l’état affreux où son père était réduit, en fut extrêmement touché, et, s’imaginant qu’il le délivrerait, si, après s’être assuré de sa grâce auprès du roi, il l’avouait coupable des crimes qu’on lui imputait,

89. Il dit au roi : 0 prince ! sauvez-nous, mon père et moi, et je vous découvrirai les choses que vous voulez savoir ; et le roi y ayant consenti, le fils du vieillard lui dit : Alexandre était déjà convenu avec mon père de vous ôter la vie, et dans cette vue, mon père avait pris avec votre barbier les mesures qu’on vous a dites.

90. À cette parole, le roi ordonna que le vieillard, son fils et le barbier fussent mis à mort sur le champ ; et il fit conduire à Sébaste ses deux fils, Alexandre et Aristobule, pour y souffrir une mort honteuse, et être ensuite attachés en croix[2], ce qui fut exécuté.

91. Alexandre laissa deux fils qu’il avait eus de la fille d’Archélaus, Tyrcan et Alexandre ; Aristobule en laissa trois : Aristobule, Agrippa et Hérode. Nous avons rapporte plus haut l’histoire d’Antipater, fils d’Hérode[3].

Fin, et louange à Dieu.


MANASSÈS.
(Prière de Manassès, roi de Juda, dans le temps qu’il était captif à Babylone.)



PRÉFACE.

L’oraison ou la prière de Manassès, ne contient rien en soi que de très saint et de très édifiant ; et l’on ne conçoit point d’autre raison qui l’ait fait rejeter par la Synagogue, et ensuite par l’Église, du canon des livres saints, sinon qu’on n’a pas trouvé des preuves assez certaines pour assurer qu’elle fût véritablement de ce prince, ou que l’on n’a pas cru que les livres où elle se trouvait méritassent par eux-mêmes, ou par leurs auteurs, d’être mis au même rang que les livres divins. Car, quoiqu’il soit dit, II Paralip. xxxiii, 12, 13, que Manassès fils d’Ezéchias, vingtième roi de Juda, ayant été emmené chargé de chaînes à Babylone la 22e année de son règne, l’an du monde 3327, et qu’étant en prison réduit en une extrême misère, il ait reconnu ses crimes ; et que s’adressant au Seigneur, il lui ait fait une prière ; enfin quoiqu’il soit dit aux versets 18 et 19 du même chapitre, que cette prière est rapportée dans les livres d’Hosaï et dans les annales des rois d’Israël, ou pour mieux dire de Juda, comme porte le verset 11 du chapitre 21 du IVe livre des Rois ; il ne s’ensuit pas que celle qu’on rapporte ici soit la même que celle qui était contenue dans ces livres cités par l’Écriture. Ceux qui soutiennent la vérité et l’antiquité de cette prière, prétendent que c’est la même, et disent, mais sans preuves, qu’elle a été traduite en grec sur l’hébreu, des discours des Voyants, comme il est dit II Paral. xxxiii, 18, ou d’Hosaï et des annales des rois de Juda, comme ajoute le verset 19, car l’on ne trouve plus ce texte original hébreu, ni cette version grecque faite sur ce prétendu original. Il est vrai que l’auteur des Constitutions apostoliques, qui vivait vers la fin du iiie siècle, ou environ, a donné en grec cette prière, qu’il a insérée tout de suite au verset 13 du chapitre xxxiii des Paralipomènes, qu’il rapporte presque entière ; mais il paraît évidemment que c’est une version grecque faite après coup sur le latin par l’auteur même des Constitutions Voy. le livre II des Constitutions (cap. 22, tom. I, Concil., p. 251.) où cette prière est imprimée en grec et en latin. Elle se trouve aussi en quelques exemplaires grecs et latins à la fin du second livre des Paralipomènes, et est citée par quelques Pères latins. (Voy. Fabricius, Biblioth. Graeca, l. iii, v. 29, et Codex V. Test., t. I, p. 1102). La prière de Manassès est, pour ainsi dire un contrat passé entre lui et Dieu… Si elle
  1. Nommé Tryphon. — Voy Josèphe, Antiq., 1. xvi, c. 17.
  2. Josèphe, Antiq., I. xvi, c. 17, p. 580, dit qu’il les fit étrangler, et que leurs corps furent portés à Alexandrion ; ceci arriva la même année que César-Augustepuplia un édit pour faire le dénombrement de tous les sujets de son empire, l’an 40 de son règne, dans son douzième consulat, et sous le second de Lucius Cornélius Sulla ou Sylla, la trente-sixième année du règne d’Hérode.
  3. C’est-à-dire au commencement de ce chapitre et dans la suite. Voy. le verset 6 et suiv. ci-dessus, car il n’en a rien dit ailleurs dans ce livre.