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Le roi s’assied, ensuite il boit et se livre au sommeil[1].

11. Ils veillent tous à la garde de sa personne ; sans qu’il leur soit permis de s’écarter un moment pour vaquer à leurs propres affaires et ils se tiennent toujours en état d’exécuter ses ordres[2]

12. Ô hommes I comment donc y aura-il quelque chose au-dessus du roi, puisqu’il est ainsi honoré ? Et il cessa de parler.

13. Le troisième, nommé Zorobabel[3], commença à relever la force des femmes et de la vérité.

14. Ô hommes, qui m’écoutez ! Ni le roi, revêtu de toute sa grandeur, ni le vin, ni les hommes unis ensemble, ne sont pas ce qu’il y a de plus fort sur la terre : Qui peut donc être au-dessus de toutes ces choses ?

15. Ne sont-ce pas les femmes, puisque c’est d’elles seules que les rois et les peuples, qui dominent sur la terre et sur la mer, tirent leur origine ?

16. Elles leur ont donné la naissance et elles ont élevé ceux qui, les premiers, ont planté la vigne.

17. Elles tirent de leurs mains les habits dont les hommes se couvrent ; elles font toute leur gloire, et ils ne peuvent se passer de femmes.

18. Qu’ils aient en abondance de l’or ou de l’argent ; qu’ils possèdent les choses les plus précieuses, si une femme belle et parée vient s’offrir à leurs yeux,

19. ils quittent tout pour lavoir, ils la contemplent avec étonnement et se sentent plus de passion pour elle qu’ils n’en avaient auparavant pour leurs richesses.

20. L’homme abandonne son père qui l’a nourri ; il se bannit même de son propre pays, pour s’attacher, sans réserve, à la femme dont il a fait choix.

21. Il ne trouve de plaisir qu’à l’aimer, et il oublie, pour elle, son père, sa mère, et le lieu de sa naissance.

22. Les femmes n’exercent-elles donc pas l’empire sur vous, et n’est-ce pas pour elles que vous vous exposez à tant de peines et île travaux ?

23. L’homme prend son épée, il va sur les chemins pour commettre des vols et des meurtres ; il parcourt les rivières et les mers.

24. Il voit un lion, et se cache dans les antres les plus creux[4] : et quand il s’est enrichi de vols et de rapines, il vient tout mettre aux pieds de celle qu’il aime.

25. Encore un coup[5], l’homme chérit sa femme plus que son père et sa mère.

26. Plusieurs d’entre eux les ont aimées jusqu’à en perdre la raison, et à se réduire en servitude.

27. D’autres ont sacrifié leur vie, et ont péché pour leur plaire.

28. Refuseriez-vous donc encore de me croire ? J’avoue, avec vous, que la puissance du roi est bien grande, puisque tous les peuples craignent si fort de l’offenser.

29. Cependant je voyais le très-grand roi avec sa concubine Apémène, fille de Bezads[6] ; elle était assise à sa droite.

30. Et lui ayant ôté le diadème de dessus la tête, elle le mettait sur la sienne ; et de sa main gauche elle le frappait à la joue.

31. Le roi néanmoins la regardait avec admiration ; quand elle lui souriait, il faisait éclater sa joie ; et quand elle se fâchait, il redoublait ses caresses, jusqu’à ce qu’elle lui eût rendu ses bonnes grâces.

32. Ô hommes ! que pouvez-vous donc concevoir au-dessus des femmes, puisqu’elles exercent sur vous un tel empire[7].

33. Alors le roi et les grands de sa cour se regardèrent l’un l’autre, et Zorobabel, poursuivant son discours, commença à parler de la vérité.

34. 0 hommes qui m’écoutez ! serait-il donc possible qu’il y eût quelque chose de plus fort que les femmes ? La terre est grande, le ciel est élevé, le soleil parcourt chaque jour ces espaces immenses, et revient avec rapidité au lieu d’où il était parti.

35. Toutes ces merveilles n’annoncent-elles pas la grandeur de celui qui les a faites ? mais la vérité n’est-elle pas grande et plus forte que toute autre chose ?

36. Toute la terre en porte les plus vifs traits[8] : Le ciel en fait l’éloge, toutes les créatures la respectent et la craignent, et elle n’a rien de mauvais.

37. Tout est mauvais dans le monde, le vin, le roi, les femmes, tous les enfants des hommes et toutes leurs œuvres ; il n’y a point en eux de vérité, et ils périront dans leur iniquité.

38. La vérité n’est point sujette au changement ; son règne s’affermit dans l’éternité ; elle subsiste et subsistera dans tout le cours des siècles.

39. Elle n’a égard, ni aux personnes, ni

  1. Litt. : et c’est sur cela ; c’est-à-dire que c’est sur le travail, les soins et la fidélité de ses sujets que le roi se repose et établit sa tranquillité.
  2. Litt. : et sont prêts à lui obéir à la moindre parole.
  3. Il est difficile de comprendre comment ce qui est dit ici peut convenir à Zorobabel, puisqu’il paraît par 1 Esdras, il, 2, dont on a même copié les paroles aux chapitres précédents, qu’il y avait plus de douze ans qu’il était revenu à Jérusalem, et qu’il était actuellement en Judée.
  4. Il ne craint ni la rencontre des lions, ni les ténèbres de la nuit.
  5. Et c’est ce qui prouve ce que j’ai déjà avancé ; l’homme, etc.
  6. On croit que tous ces noms sont supposés : d’autres lisent Bartacis ou Becacis. Le texte ajoute : Très, excellent.
  7. Litt. : O hommes ! pourquoi n’avoueriez-vous pas qu’il n’y a rien de plus fort que les femmes, puisqu’il parait que celles qui font ce que je viens de dire sont au-dessus du ciel et de la terre. Ces dernières paroles ne sont point dans le grec ; le copiste même semble les avoir transposées du v. 54 suivant. Ainsi on a suivi le grec, qui est beaucoup plus clair, et où elles ne se trouvent pas.
  8. Litt. : Toute la terre a recours à la vérité. Autr. Prêche et annonce la vérité.