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16. Or[1], sous le règne d’Artaxerxès, roi des Perses, quelques-uns de ceux qui étaient en Judée et à Jérusalem : Balsanius[2], Mithridates, Sabellius[3], Rathimus, Balthemus, Samelius[4], le secrétaire, ceux enfin qui habitaient la Samarie et les lieux d’alentour, écrivirent au roi Artaxerxès la lettre suivante :

17. Seigneur, vos serviteurs, Rathiffius l’inspecteur[5], Sabellius le secrétaire, et ceux de votre cour que vous avez établis gouverneurs de la Célésyrie et de la Phénicie, vous saluent.

18. Que le Seigneur, notre roi, sache que les Juifs renvoyés de Babylone viennent à Jérusalem, cette ville rebelle et perfide ; qu’ils en relèvent les murailles, qu’ils bâtissent les rues[6], et qu’ils rétablissent le temple.

19. Si l’on n’arrête ces entreprises, ils refuseront non-seulement de payer les tributs, ils seront même en état de résister aux rois.

20. Et parce que le temple s’avance de jour en jour, nous avons cru qu’il était important de ne rien négliger à cet égard ;

21. Mais d’en avertir le Seigneur notre roi, afin que s’il le juge à propos, l’on consulte les Annales de ses pères.

22. Il y trouvera des avis que ses prédécesseurs ont laissés sur ce sujet, et il apprendra que cette ville a toujours été rebelle, qu’elle n’a cessé de troubler la tranquillité des rois et des nations ;

23. que les Juifs ont toujours été portés à la révolte, que de tout temps ils ont suscité des guerres, et que c’est pour cela même que leur ville a été détruite.

24. Maintenant donc, Seigneur notre roi, si vous permettez que les Juifs rebâtissent leur ville et qu’ils relèvent leurs murailles, sachez que vous vous fermez l’entrée de la Célésyrie et de la Phénicie.

25. Alors le roi écrivit la lettre suivante à Rathimus, son inspecteur, à Balthemus[7], à Sabellius, son secrétaire, aux autres intendants et aux habitants de Samarie et de Phénicie :

26. Après avoir lu la lettre que vous m’avez écrite, j’ai fait consulter les histoires de mes pères, et il s’est trouvé que Jérusalem a été de tout temps ennemie de la domination ;

27. que le peuple qui l’habite est un peuple rebelle ; toujours prêt à prendre les armes contre l’autorité la plus légitime, et a eu des rois puissants à qui la Phénicie et la Célésyrie ont pavé des tributs.

28. Maintenant donc j’ai ordonné qu’on les empêchât de bâtir leur ville, et que l’on fît cesser tous les travaux ;

29. de peur que leur malice n’augmente de plus en plus, et qu’un jour elle ne puisse troubler la tranquillité de notre empire.

30. Après qu’on eut fait la lecture de ces lettres, Rathimus, Sabellius le secrétaire, et les autres intendants, se rendirent en diligence à Jérusalem avec des troupes de cavalerie et d’infanterie.

31. Alors l’ouvrage du temple fut interrompu ; on n’y travailla point jusqu’à la deuxième année du règne de Darius, roi des Perses.

CHAPITRE III.

Darius s’étant endormi au sortir d’un superbe festin qu’il fit à tous les grands de son royaume, trois de ses gardes se proposent l’un à l’autre un problème : savoir, qui a plus de force du vin, du roi, de la vérité ou de la femme ; l’un d’eux prouve d’abord la question à l’égard du vin.

1. Le roi Darius[8] fit un grand festin à ses favoris ;

2. à tous les gouverneurs de Médie et de Perse, à tous les grands de sa cour, aux préteurs, aux consuls et aux satrapes, qui gouvernaient sous ses ordres les cent vingt-sept provinces qui sont depuis l’inde jusqu’à l’Éthiopie.

3. Après qu’ils eurent bien bu et bien mangé, et qu’ils se furent retirés, le roi monta dans sa chambre et se livra au sommeil, puis se réveilla[9].

  1. Ceci, depuis ce verset jusqu’au 31e est copié sur I Esdras IV, 7-24. – Voy. aussi Josèphe, Antiq., liv.xi, ch.2.
  2. Autr. : Besetam.-Voy. 1 Esdr. iv, 7. Cette différence ne vient que de la différente leçon des voyelles hébraïques, et de ce que les traducteurs ont latinisé le nom, et ainsi des noms suivants.
  3. Autr. : Thabeel ou Tabeet. - Voy. I Esdras, ibid. Les copistes ont pris le le teth pour le schin, c’est-à-dire le ט pour un ש, lettres qui ont quelque ressemblance, et dont la première équivaut à th ou t, la seconde au son fort de ch dans chercher, son que les Latins et les Grecs ne pouvaient représenter que par l’s et le σ.
  4. Autr. :Reum Reel/éem, Samsai.-Voy.l Esdras IV, 8. Ces changements doivent être attribués à la négligence des copistes. Par rapport à Beum, il yen a qui lisent Bahumus ; et à l’égard deSamsai, d’autres lisent Selllesius. [On a vu un mot propre dans beelleetn, mais ce n’est qu’un nom qui exprime la qualité de Beum, et qui se traduit par intendant des finances, ou président du conse I, ou préteur l’ofal.-rI/Y, ’c verset suivant.)
  5. Litt. : qui était préposé aux affaires extraordinaires.
  6. Litt. : les (ours. Le mot grec signifie les marchés, les places publiques, et les lieux d’assemblées. La Vulgate, 1 Esdr. 1, 12, dit : les maisuns ; l’hébreu : les fondements.
  7. Voy. le verset 16 et la note 574, et conférez avec 1 Esdras IV, 17.
  8. Ce qui est rapporté ici et au quatrième chapitre suivant ne se trouve en aucun endroit de l’Écriture, et Josèphe ne l’a su ou que par tradition ou que pour l’avoir lu dans ce même livre, qui peut-être était alors connu chez les Juifs et surtout chez les Hellénistes, c’est-à-dire chez les Juifs grecs. —Voy. Josèphe, liv. xi Anliq., ch. 1, p. 3G2, grec et latin, 1535. Cette histoire a tout l’air d’une fable, et ne s’accorde pas même avec ce que l’auteur rapporte ici du premier livre d’Esdras.
  9. Il parait, par les versets 9 et 13 ci-après que ce qui est dit ici jusques et compris le vers. 12, se passa pendant que Darius dormait ; c’est ce qui a déterminé quelques traducteurs a traduire ces paroles : Et exspergefactus est, par celles-ci : jusqu’à ce qu’il se fût éveillé.