Page:Migne - Troisième et dernière encyclopédie théologique, tome 23, 1856.djvu/304

Cette page n’a pas encore été corrigée

l’espace de soixante-et-dix ans, qu’a duré le temps de sa désolation, après lequel il lui a été permis de célébrer, comme auparavant, ses fêtes et ses solennités[1].

CHAPITRE II.

Cyrus, roi des Perses, rend la liberté aux Juifs et les renvoie en Judée. Ils jettent les fondements dit nouveau temple ; mais Artaxerxès, sur quelques soupçons, fait arrêter tous les travaux.

1. Cyrus[2] étant roi des Perses[3], le Seigneur, pour accomplir la parole qu’il avait prononcée par la bouche de Jérémie[4],

2. toucha le cœur de ce prince, qui envoya aussitôt des lettres dans tous les lieux de sa domination[5],

3. Elles étaient écrites en ces termes : Voici ce que dit Cyrus, roi des Perses : Le Dieu d’Israël, le Seigneur souverain[6], m’a établi roi sur toute la terre[7].

4. Et il m’a ordonné[8] de lui élever un temple[9] à Jérusalem, qui est en Judée.

5. Que tout ce qui se trouve de Juifs[10] parmi nous s’en retournent à Jérusalem, et que leur Dieu soit avec eux.

6. Que tous les peuples voisins les aident de leur or et de leur argent ;

7. De toutes sortes de dons, de leurs chevaux, de leurs bêtes de voiture et des autres choses que chacun de vous s’obligera de consacrer au Seigneur dans le temple de Jérusalem[11].

8. Alors les chefs des tribus et des villes de Juda et de Benjamin[12], les prêtres et les lévites à qui le Seigneur inspira de retourner à Jérusalem et d’y relever son temple ; tous ceux enfin qui demeuraient aux environs,

9. vinrent offrir leur or, leur argent et leurs chevaux[13], pendant que plusieurs autres faisaient des vœux que le Seigneur formait lui-même dans leurs cœurs.

10. Le roi Cyrus ayant pris les vases sacrés que Nabuchodonosor avait transportés de Jérusalem, et qu’il avait consacrés à l’idole,

11. les donna à Mithridates[14], qui était garde de ses trésors.

12. Et Mithridates les remit par son ordre entre les mains de Salmanasar[15], gouverneur de Judée.

13. Voici le nombre de ces vases : deux mille quatre cents urnes d’argent, trente tasses d’argent, trente fioles d’or, deux mille quatre cents d’argent, et mille autres vases[16].

14. Tous les vases d’or et d’argent étaient au nombre de cinq mille huit cent soixante[17].

15. Et ils furent comptés à Salmanasar[18] et à tous les captifs qui retournaient à Jérusalem[19].

  1. Litt. : et que la terre célébrât ses jours de sabbat [ou plutôt ses années sabbatiques] ; car elle fut dans un sabbat continuel durant tout le temps de ta désolation, jusqu’il ce que les soixante-dix ans fussent accomplis.
  2. Ce qui est rapporte ici jusqu’au y 16 est pris presque mot pour mot de 1 Esdr. 1, 1-11.
  3. Il est dit, I Esdr. 1,1, que ce fut la première année du règne de ce prince [non sur la Perse seulement, mais sur le royaume, formé de la réunion de la Médie et de la Babylonie à la Perse].
  4. Voy. le chap. précédent, vers. 57 et 58, et les notes ; ces deux versets, comme I Par. xxxvi, 21, rappellent la prophétie de Jéréinie.] L’auteur dit ici que les soixante-dix années que devait durer, la captivité prédite par ce prophète étaient accomplies, et que le temps approchait de la délivrance des Juifs, de leur retour en la terre promise, et du rétablissement du temple et de la ville de Jérusalem.
  5. Litt. : et il fit publier dans tout son royaume cette ordonnance, même par écrit ; ainsi I Esdr. i, 1.
  6. Litt. : le Très-Haut.
  7. 1 Esdras 1, 2, porte : Les royaumes de la terre ; hyperbole pour dire : les royaumes de l’Asie.
  8. Par son prophète (Isa. sliv, 28, et XLV, 1 et suiv.), ainsi que je l’ai lu moi-même. Josèphe (Antiq. liv. xi, 1, ch. I) assure que Cyrus avait lu cette prophétie d’Isaïe. Citons cet historien. (Dieu, dit-il, mit dans le cœur de Cyrus d’écrire la lettre suivante et de l’envoyer par toute l’Asie : Nous croyons que le Dieu tout-puissant qui nous a établi roi de toute la terre est le Dieu que le peuple d’Israël adore ; car il a prédit par ses prophètes que nous porterions te nom que nous portons, et que nous rétablirions le temple de Jérusalem consacré à son honneur dans III Judée.- Ce qui faisait ainsi parler ce prince, continue l’historien, c’est l¡n’il ivait lu dans les prophéties d’Isaïe, écrites deux cent dix ans avant qu’il fût né, et cent quarante ans avant la destruction du temple, que Dieu lui avait fait connaître qu’il établirait Cyrus roi sur diverses nations, et lui inspirerait la résolution de renvoyer son peuple à Jérusalem pour y bâtir son temple. Cette prophétie lui donna une telle admiration que, désirant l’accomplir, il lit assembler à Babylone les principaux des Juifs, et leur dit qu’il leur permettait de retourner en leur pays, », etc.
  9. Litt : De lui bâtir une maison.
  10. Juifs, même fugitifs, en quelque lieu qu’ils demeurent — Voy. 1 Esdras, 1, 4.
  11. Litt. : Pour la construction et la décoration du temple du Seigneur qui est en Jérusalem. Le latin porte : in œdem Domini, etc. ; ainsi le grec.
  12. Tant les Juifs que les Chaldéens qui voulurent plaire à Cyrus.
  13. Outre ce qu’ils avaient offert volontairement. — Voy. II Esdr., 1, 6, conféré avec 4.
  14. I Esdras 1, 8, ajoute : fils de Gazubar.
  15. I Esdras 1,8, le nomme Salmanasar ; c’est une erreur grossière des copistes : c’est le surnom que Zorobabel avait reçu des Chaldéens.
  16. 1 Esdras 1, 9, dit : Trente coupes d’or, mille coupes d’argent, vingt-neufs couteaux, trente lasses d’or ; et 10 : quatre cent dix lasses d’argent pour de moindres usagés, et mille autres vases.
  17. 1 Esdras 1, U, dit : cinq mille quatre cents vases, tant d’or que d’argent.
  18. Voy. la note 566.
  19. Autr. suivant Esdras t, 11, qui dit : Sassabasar les emporta en même temps que les captifs qui étaient en Babylone retournèrent à Jérusalem. Ce Sassabasar est Zorobabel ; les Chaldéens changeaient ainsi fort souvent les noms des captifs. Ce que dit ici l’auteur est opposé à ce qu’il rapports lui-même au verset 57 du ch. IV ci-après.