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profonde blessure, effraya les convives par une explosion semblable à celle d’un coup de pistolet ; puis se réduisit à rien. Une gelée dont la couleur appétissante avait conquis l’admiration générale, prit feu et se dévora «Ile-même, lorsque la cuiller essaya de l’entamer. Une jeune personne

qui trouvait

dans sa surprise une cause de gatté pétu-Jante, voulut saisir une pêche dont le coloris la séduisait. Cette pêche était creuse elle en vit sortir ce reptile innocent, le lézard qui a conservé le droit d’épouvanter un si grand nombre de femmes. Au beau milieu de la table un immense édifice de pâtisserie répandait au loin un fumet délicieux, qui semblait attester sa réalité. A peine une de ses murailles fut-elle démolie, une volée de petits oiseaux que l’on avait enfermés dans cette singulière cage, s’échappa en battant des ailes.

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Longue serait l’énumération de toutes les subtilités de magie blanche que le maître de la maison avait inventées pour désappointer ses convives ; quelques-uns de ces tours étaient barbares. La plupart des pièces de volailles, dont le couteau ou la fourchette sollicitaient les flancs, et qui, couvertes de la gelée ou de la sauce convenables, paraissaient bien mortes, étaient vivantes. Le pauvre animal, qui se sentait blessé, poussait un faible cri, se débattait, sautillait sur la table avec effort, et de ses ailes étendues, qu’il agitait dans sa douleur, faisait voler sur les convives l’assaisonnement qui lui avait servi de cuirasse. Un narcotique, sans doute quelques gouttes d’opium l’avait plongé dans cet état de stupeur ; et de légers ligaments l’avaient maintenu sur le plat qui le contenait. A ce repas illusoire succéda un repas véritable qui dédommagea un peu les convives, sans faire oublier aux hommes leurs manchettes souillées, aux femmes leurs parures flétries. On avait fini par accepter une mystification qui s’était présentée sous t nt de formes diverses, et par s’attacher à la curiosité du spectacle. On vit apparaître tour à tour ce que les illusions d’optique peuvent créer de monstres effroyables et de riantes chimères. 11 y eut un moment où toutes les femmes apparurent livides comme des cadavres ; un autre, où chacune d’elles se trouva parée tout à coup d’une couronne et d’un bouquet de fleurs magnifiques. » Ces plaisanteries excentriques se terminèrent mal. Le lendemain matin, le marquis reçut une douzaine de provocations. Il crut devoir y répondre et fut tué au troisième duel. V oy. Enchantements.

MACHLYES, peuple fabuleux d’Afrique, que Pline prétend avoir eu les deux sexes et deux mamelles, la droite semblable à celle d’un homme, et la gauche à celle d’une femme.

MACREUSES, oiseaux de la famille des canards, qui sont très-communs sur les 1 côtes d’Anglelerre, d’Ecosse et d’Irlande. (1) Des Erreurs ot des préjugés, t. I", p. 4*8. Ils ont été le sujet de bien des contes. Plusieurs auteurs ont assuré que ces oiseaux soni produits sans oeufs les uns les font venir des coquilles qui se trouvent dans la mer d’autres ont avancé qu’il y a des arbres semblables à des saules, dont le fruit se change en macreuses, et que les feuilles de ces arbres qui tombent sur la terre produisent des oiseaux, pendant que celles qui tombent dans l’eau deviennent des poissons. 11 est surprenant, dit le P. Lebrun, que ces pauvretés aient été si souvent répétées, quoique divers auteurs aient remarqué et assuré que les macreuses étaient engendrées de la même manière que les autres oiseaux. Albert le Grand l’avait déclaré en termes précis et depuis un voyageur a trouvé, au nord de l’Ecosse, de grandes troupes de macreuses et les œufs qu’elles devaient couver, dont il mangea.

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II n’y a pas trois ans qu’un journal de Normandie nous racontait sérieusement, dit M. Salgues (1), qu’on venait de pêcher, sur les côtes de Granville, un mât de vaisseau qui dormait depuis plus de vingt ans sous les eaux ; que l’on fut fort étonné de le trouver enveloppé d’une espèce de poisson fort singulier, que les Normands nomment bernacle ou bernache. Or, ce hernache ou bernacle est un long boyau rempli d’eau jaunâtre, au bout duquel se trouve une coquille qui renferme uu oiseau, lequel produit une macreuse. Cette absurde nouvelle se répandit et les Parisiens, ajoute M. Salgues, furent bien étonnés d’apprendre qu’il y avait des oies qui naissaient au bout d’un boyau, dans une petite coquille.

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Johnston, dans sa Thaumatographie naturelle, rapporte que les macreuses se forment dans le bois pourri, que le buis pourri se change en ver et le ver en oiseau. Boëtius est celui dont l’autorité lui parait la plus imposante. Or ce savant rapporte qu’en 1490 on pêcha sur les côtes d’Ecosse une pièce de bois pourri, qu’on l’ouvrit en la présence du seigneur du lieu, et qu’on y trouva une quantité énorme de vers ; mais ce qui surprit singulièrement l’honorable baronnet, et les spectateurs, c’est que plusieurs de ces vers commençaient à prendre la forme d’oiseau, que les uns avaient des plumes, et qui) les autres étaient encore tout rouges. Ce phénomène parut si étonnant, que l’on déposa la pièce de bois dans l’église voisine, où elle futeonservée. Boëtius ajoute à ce conte, et pour le faire tenir debout, qu’il fut lui-même témoin d’un prodige semblable ; que le ministre d’une paroisse voisine des bords de la mer ayant pêché une grande quantité d’algues et de roseaux, il aperçut, à l’extrémité de leurs racines des coquillages singuliers, qu’il les ouvrit et y trouva au lieu de poissons des oiseaux. L’auteur assure que le pasteur lui fit part de cette merveille, et il repète qu’il fut lui-même témoin de la vérité du fait.