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DICTIONNAIRE DES SCIENCES OCCULTES.

de mur, et sortit par la brèche. Il ouvrit ensuite le billet, et ne fut pas peu surpris d’y lire ces mots : — « L’empereur sortira par la porte neuve. » C’en fut assez pour que l’astrologue et l’astrologie lui parussent infiniment respectables.

Un homme, que les astres avaient condamné en naissant à être tué par un cheval, avait grand soin de s’éloigner dès qu’il apercevait un de ces animaux. Or, un jour qu’il passait dans une rue, une enseigne lui tomba sur la tête, et il mourut du coup : c’était, dit le conte, l’enseigne d’un auberge où était représenté un cheval noir.

Mais il y a d’autres anecdotes. Un bourgeois de Lyon, riche et crédule, ayant fait dresser son horoscope, mangea tout son bien pendant le temps qu’il croyait avoir à vivre. N’étant pas mort à l’heure que l’astrologue lui avait assignée, il se vit obligé de demander l’aumône, ce qu’il faisait en disant : — Ayez pitié d’un homme qui a vécu plus longtemps qu’il ne croyait.

Une dame pria un astrologue de deviner un chagrin qu’elle avait dans l’esprit. L’astrologue, après lui avoir demandé l’année, le mois, le jour et l’heure de sa naissance, dressa la figure de son horoscope, et dit beaucoup de paroles qui signifiaient peu de chose. La dame lui donna une pièce de quinze sous.

— Madame, dit alors l’astrologue, je découvre encore dans votre horoscope que vous n’êtes pas riche.

— Cela est vrai, répondit-elle.

— Madame poursuivit-il en considérant de nouveau les figures des astres, n’avez-vous rien perdu ?

— J’ai perdu, lui dit-elle l’argent que je viens de vous donner.

Darah, l’un des quatre fils du grand-mogol Schah-Géhan, ajoutait beaucoup de foi aux prédictions des astrologues. Un de ces doctes lui avait prédit, au péril de sa tête, qu’il porterait la couronne. Darah comptait là-dessus. Comme on s’étonnait que cet astrologue osât garantir sur sa vie un événement aussi incertain : — Il arrivera de deux choses l’une, répondit-il, ou Darath parviendra au trône, et ma fortune est faite ; ou il sera vaincu ; dès lors sa mort est certaine, et je ne redoute pas sa vengeance.

Heggiage, général arabe sous le calife Valid, consulta, dans sa dernière maladie, un astrologue qui lui prédit une mort prochaine. — Je compte tellement sur votre habileté, lui répondit Heggiage, que je veux vous avoir avec moi dans l’autre monde, et je vais vous y envoyer le premier, afin que je puisse me servir de vous dès mon arrivée. Et il lui fit couper la tête, quoique le temps fixé par les astres ne fût pas encore arrivé.

L’empereur Manuel, qui avait aussi des prétentions à la science de l’astrologie, mit en mer, sur la foi des astres, une flotte qui devait faire des merveilles et qui fut vaincue, brûlée et coulée bas.

Henri VII, roi d’Angleterre demandait à un astrologue s’il savait où il passerait les fêtes de Noël. L’astrologue répondit qu’il n’en savait rien. — Je suis donc plus habile que toi, répondit le roi car je sais que tu les passeras dans la Tour de Londres. Il l’y fit conduire en même temps. Il est vrai que c’était une mauvaise raison.

Un astrologue regardant au visage Jean Galéas, duc de Milan, lui dit : — Seigneur, arrangez vos affaires car vous ne pouvez vivre longtemps.

— Comment le sais-tu ? lui demanda le duc.

— Par la connaissance des astres.

— Et toi, combien dois-tu vivre ?

— Ma planète me promet une longue vie.

— Oh bien ! tu vas voir qu’il ne faut pas se fier aux planètes et il le fit pendre sur-le-champ. Voy. Louis XI, Trasulle, etc.

ASTRONOMANCIE, divination par les astres. C’est la même chose que l’astrologie.

ASTYLE, devin fameux dans l’histoire des Centaures. On trouve dans Plutarque un autre devin nommé Astyphile. Voy. Cimon.

ASWITH, Voy. Asmond.

ATHÉNAGORE, philosophe platonicien qui embrassa le christianisme au deuxième siècle. On peut lire son Traité de la résurrection des morts, traduit du grec en français par Gaussart, prieur de Sainte-Foy, Paris, 1574, et par Duferrier, Bordeaux, 1577, in-8o.

ATHÉNAÏS, sibylle d’Érythrée. Elle prophétisait du temps d’Alexandre. Voy. Sibylles.

ATHÉNODORE, philosophe stoïcien du siècle d’Auguste. On conte qu’il y avait à Athènes une fort belle maison où personne n’osait demeurer, à cause d’un spectre qui s’y montrait la nuit. Athénodore, étant arrivé dans cette ville, ne s’effraya point de ce qu’on disait de la maison décriée, et l’acheta. La première nuit qu’il y passa, étant occupé à écrire, il entendit tout à coup un bruit de chaînes, et il aperçut un vieillard hideux, chargé de fers, qui s’approchait de lui à pas lents. Il continua d’écrire. Le spectre l’appelant du doigt, lui fit signe de le suivre. Athénodore répondit à l’esprit, par un autre signe, qu’il le priait d’attendre, et continua son travail ; mais le spectre fit retentir ses chaînes à ses oreilles, et l’obséda tellement, que le philosophe, fatigué, se détermina à voir l’aventure. Il marcha avec le fantôme, qui disparut dans un coin de la cour. Athénodore étonné arracha une poignée de gazon pour reconnaître le lieu, rentra dans sa chambre, et le lendemain il fit part aux magistrats de ce qui lui était arrivé. On fouilla dans l’endroit indiqué ; on trouva les os d’un cadavre avec des chaînes, on lui rendit les honneurs de la sépulture, et dès ce moment, ajoute-t-on, la maison fut tranquille[1]. Voy. Ayola et Arigngte.

ATINIUS. Tite-Live raconte que, le matin d’un jour où l’on représentait les grands jeux, un citoyen de Rome conduisit un de ses esclaves à travers le cirque, en le faisant battre de verges ; ce qui divertit ce grand peuple romain. Les jeux commencèrent à la suite

  1. Plin. jun., Epist. lib. VII, ep. 27, ad Suram.