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AVIS DE L’AUTEUR.

Le Dictionnaire théologique de Bergier se trouve dans la plupart des bibliothèques du clergé. En feuilletant ce savant ouvrage, il n’est pas un ecclésiastique qui n’ait regretté de ne point y trouver la partie morale. Pour satisfaire à cette exigence légitime, nous donnons un dictionnaire de théologie morale, sous le titre de Dictionnaire de théologie morale, servant de complément au Dictionnaire de théologie de l’abbé Bergier.

La plupart des membres du clergé sont tellement occupés des fonctions du saint ministère, qu’ils ne peuvent consacrer un temps bien long à l’étude de la théologie. Ce qu’il leur faut, c’est un manuel où ils puissent trouver en peu de temps, 1o la solution de toutes les difficultés pratiques qu’ils rencontrent dans l’exercice du saint ministère ; 2o une réponse péremptoire à toutes les objections que le monde mécréant fait contre certains points de la morale évangélique ; 3o les matériaux suffisants d’une bonne conférence ecclésiastique.

Nous croyons avoir pourvu à ce triple besoin par notre Dictionnaire de théologie morale. Nous avons essayé de rendre l’ouvrage clair, court et complet. Lorsque les questions ne présentent aucune difficulté, nous nous-contentons de citer le texte de la loi, accompagné d’un petit commentaire. Lorsque nous exposons les grands principes de la morale, nous les accompagnons toujours des hautes considérations théologiques et philosophiques, développées par les plus grands maîtres. C’est dans l’exécution de ce plan que nous avons trouvé le moyen de faire un ouvrage court et cependant complet.


INTRODUCTION.


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1. Il n’est aucun sujet qui ait plus attiré l’attention des hommes que la morale. Philosophes, législateurs, théologiens de tous les pays, de tous les temps, de toutes les religions, en ont fait l’objet de leurs méditations. Et, en effet, rien au monde n’est plus digne des réflexions du sage ; car les mœurs sont les premiers biens des familles et des peuples.

Les bonnes mœurs seules donnent à une nation de la grandeur, de la puissance et de la prospérité. Un empire ne possède de véritable félicité que lorsque la masse de ses citoyens possède cette virilité d’âme qui donne le désir sincère de connaître tous ses devoirs et la force de les accomplir. Les richesses du commerce et de l’agriculture, la magnificence des beaux-arts les jouissances de la vie ne peuvent sans les mœurs former un État florissant. Les nations sans mœurs, amollies par le luxe, énervées par les plaisirs, dégradées par les vices, guidées par l’intérêt personnel, peuvent avoir, par la prospérité matérielle, les apparences d’États puissants ; mais qu’on pénètre jusqu’à la source de la véritable force, on ne trouve qu’une extrême débilité. Et ici nous en appelons aux enseignements de l’histoire. Elle nous montre par les faits où git la véritable grandeur. Elle nous fait voir, d’un côté, de petits États résistant aux attaques des plus grands empires, s’élevant ensuite par degré et prenant enfin place parmi les premiers peuples du monde d’un autre côté, elle met sons nos yeux les plus vastes monarchies, soutenues par des millions de soldats, succombant sous les coups de quelques milliers d’hommes valeureux. D’où vient donc une telle différence ? Elle vient surtout de la différence des mœurs. Les grands empires s’étant laissé énerver par les plaisirs et la corruption, ont perdu leurs forces et ont dû succomber. Au contraire, les peuples qui avaient conservé toute l’énergie de la vertu, ont sans cesse grandi, parce qu’ils ont puisé sans cesse dans la vertu une force et un courage toujours renaissant. Tyr et Babylone élevèrent jadis une puissance colossale. Cette puissance ne reposait pas sur la vertu elle brilla un instant, comme l’éclair qui éblouit pour rejeter dans des ténèbres plus profondes. La corruption fut leur ruine ; le sol même qui avait porté ces villes célèbres sembla rougir de leur crime, il déroba pendant des siècles le lieu de leur existence. Rome et Lacédémone furent deux grandes cités pendant que ces deux villes eurent des mœurs ; toute leur puissance s’est évanouie avec la corruption.

Si du sommet des empires nous descendons dans les familles, nous y recueillons les mêmes enseignement* les trésors immenses s’épuisent, les plus beaux noms se flétrissent, la honte pénètre dans les plus