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INTRODUCTION.

soumise à une sorte de remaniement, c’est-à-dire qu’il arrive dans ce travail quelque chose d’analogue à ce qui se passe dans les cavernes envahies par les eaux, et où les produits de différentes époques ou périodes historiques se trouvent empalés en un même agrégat stalagmitique. Ainsi, rien de surprcn mt qu’une formation houiMere, par exemple, contienne, paruii ses végétaux, quelques mollusques et poissons appartenant à une époque posté~ rieure ; que les terrains secondaires oiïrent quelquefois des débris d’animaux du dépôt tertiaire ; car ce ne sont que des cas fortuits dus, outre la cause que nous venons d’indiquer, à divers cataclysmes, tels que des redressements, des déchireu)ents de montagnes, des submersions, eic ; mais les faits généraux, mais l’ordre chronologique des dépôts n’en demeurent pas moins constamment les mêmes : vous ne trouverez pas, au sein des grandes m ;isses de la houille, les animaux qui caractérisent la période secondaire, pas plus que vous ne rmconirerez dans les couches de celle-ci, les f.iugcres et les lycopodiacées du terrain carbonifère ; il en sera de même des autres époques et des autres fnrniation-

plus, enfin, vous

apporterez do soin et d’impartialité à observer la conslilulion des masses princip ;ilps de chique terrain et ce qui résulle du rapport .intime do ce terrain, soit supérieurement, soit inférieurement, avec le dépôt qui lui est postéri( ur ou antérieur, plus vous éprouverez de surprisse et d’admiration à voir combien les couches du globe viennent ratifier de point en pont le récit de Moïse sur l’ordre de l ;r création.

il n’est pas toujours possible à l’hoii me de juger de l’inconnu par le connu, c’est-à-dire d’apprécier les faits accomplis loin de lui par ceux qui se réalisent en sa présence ; car s’il en était yinsi, celle méthode sernit évidemment la plus rationnelle, et ferait éviter les écueils df» l’errei r. Cependant il est des c^ens qui décident à priori que l’ordre des temps est demeuré invariable, saiis réfléchir d’abord qu’une semblable assertion est démentie par les faits ; qu’elle a ensuite pour conséquence d’attribuer à notre raison une portée que Dieu n’a peut-être pas voulu lui accorder ; que s’engager sur une pireille voie est altérer la foi religieuse, méconnaître en quelque sorte l’omnipotence de la Divinité ; que c’tsl enfin préconiser le matérialisme et considérer notre monde comme une machine qui se conserve d’elle-même au moyen de lois physiques et imniuables qui lui sont propres, sans qu’aucune autre intervention lui soit nécessaire, sans qu’elle ait jamais à redouter que le mouvement qu’elle s’est imprimé puisse être suspendu <>u accéléré par une puissance supérifure. 0 : pénètre facilement au sein de l’hérésie, lorsqu’on accueille avcG trop de légèreté certaines idées dont la surface est spécieuse. Nous le répétons, si les six jours indiqués par la Genèse peuvent être efifectivement regardés, ainsi que nous le croyons, comme six états par lesquels le globe a passé, sans qu’il soit possible de déterminer la durée de chacun des intervalles qui les a séparés, rien ne devient plus aisé que l’alliance de la cosmogonie du prophète Moïse et de la géologie moderne ; elles s’expliquent alors naturellement l’une par l’autre, et ne peuvent même se comprendre parfaitement chacune, qu’en se prêtant un mutuel appui. On voit au>si que Moïse divise la treaton en deux périodes principales : la première embrasse ce qu’il nomme le commencement, n’Ç'Nil, c’est-à-dire le temps pendant lequel Dieu créa la matière dont il forma le ciel et la terre, ou tira du néant la substance des systèmes plsnétaire-, ce qu’exprime le premier verset de la Genèse, lorsqu’il dit : An commencement ^ Dieu crée, le ciel et la terre ; et i( i, comme dans ce qui précède, on peu ! conclure qu’une uite de siècles :, dont on ne pourrait fixer le nombre, durent s’écouler entre ce commencenaent où la terre reçut une forme, et le temps où s’établit la seconde période.

Nous venons de faire connaître notre sentiment sur un point capital de l’élude delà géologie, et nous n’avons pas hésité non plus à faire l’aveu que des hommes très-capables ne pensent pas comme nous ; mais, placés sur un champ où chacun a le droit de conserver son libre arbitre, nos adversaires livrent sans doute, c mme nous le faisons nous-même, à l’autorité et au jugement du plus grand nombre, un diiïérend qui du reste se débat à armes courtoises. On a abandonné sagen)ent en effet, dans les questions de celte nature, l’aigreur de la couiroverse ; tous les esprits religieux tendent aujourd’hui à opérer la fusion de la science avec le haut et puissant enseignement tiiéologique, lequel doit d’ailleurs demeurer la règle de tout autre, puisqu’il n’y a point d’intérêt qui puisse jamais être mis en balance avec celui de la vérité.

Aucun travail semblable au nôtre ne l’ayant précédé, nous avons dû, les premiers, poser les limites de ce qui doit constituer un Dictionnaire de géologie propreri.ent dite, c’esl-à-dire sa nomenclature. Ces limites n’étaient pas sans difficulté à déterminer, car, à la rigueur, la minéralogie, qui se lie intimement à la composition des roches, la malacologie, qui fournit des espèces en si grand nombre à la paléontologie, pouvaient entrer aussi dans le cadre du Dictionnaire qui nous occupait ; mais alors nous aurions été obligé de publier plusieurs volumes, et nous nous serions trouvé entraîné, soit à empiéter sur des branches de l’histoire naturelle qui -ont le plus communément l’objet de tr<iités spéciaux, soit à composer un dictionnaire presque général de cette science. Nous avons donc pensé qu’il était plus convenable de borner notre œuvre à l’examen des grands cataclysmes qui ont amené le globe à son éiat actuel, et d s causer tuuj urs agissantes dont le résultat doit être des-perlurbalious plus ou moins semblable^ à celles qui !e3 ont procédées. Nous ue donnons que