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INTRODUCTION.

L’étude de la géologie, l’une des plus attachantes pour l’exercice de l’intelligence, est aussi l’une des plus anciennes et des plus répandues chez tous les peuples, même ceux qui vivent presque à l’état sauvage, lesquels ont aussi, dans leurs traditions, une cosmogonie quelconque. C'est en effet un besoin inné chez l’homme, que de chercher à se rendre compte des phénomènes de la nature auxquels il assiste journellement ; ce n’est pas avec indifférence qu’il devient témoin du spectacle des orages, du courroux de l’Océan, du grandiose de ces chaînes de montagnes dont les pics sourcilleux se perdent dans la nue, île» commotions souterraines qui ébranlent le sol qui le supporte, de la beauté de la végétation, de la structure si variée, enfin,des milliers d’êtres qui occupent avec lui l’espace qu’il parcourt. Incessamment ému de ces merveilleuses conceptions, de cet ordre admirable dont il apprécie en partie la puissance et le but, et qui le mettent en rapport avec le Moteur suprême qu’il ne sait définir, mais dont il reconnaît l’intervention dans chaque chose créée, son esprit cherche constamment à s’élever vers ces régions où il sent que la vérité doit se trouver, et avant d’avoir été éclairé par les préceptes de la religion, il est déjà religieux par le seul examen des œuvres du Créateur.

Mais cet instinct que l’homme possède de la perfection établie dans l’ordre de l’univers, se transforme en une science, à mesure que la méditation apporte de la méthode dans la classement de ses idées et des conclusions à l’ensemble des faits. C’est alors qu’il demeure convaincu que toutes les forces de la nature dépendent l’une de l’autre. qu’il règne une harmonie complète dans leur action, et que les choses les plus dissemblables en apparence subissent la direction d’un principe commun. Il est incontestable d’ailleurs que nous avons le pressentiment de grandes lois, même avant que nous cherchions à les découvrir par l’analyse ; car nous éprouvons tout d’abord que le mode d’action dont il ni. us est permis de saisir quelques éléments ne saurait satisfaire aux conditions d’existence et de durée de ce grand tout que l’on nomme l’univers. Ensuite, sur quelques points du globe que nous nous trouvions jetés, nous remarquons que, dans des circonstances analogues, les faits s’accomplissent de la même manière, d’après des règles constamment rigoureuses ; nous découvrons, en suivant le fil conducteur que nous offrent les lois générales, l’explication des diverses métamorphoses du beau et du laid, du bon et du mauvais ; nous savons, enfin, pourquoi telles contrées sont et doivent être stériles, pourquoi d’autres se montrent : toujours luxuriantes. Dans les investigations auxquelles nous sommes entraînés, nous rencontrons sans doute de nombreux préjugés, de fausses traditions qui peuvent nous égarer ; mais dans ce cas même il ne faut pas perdre de vue que lorsque l’erreur de la multitude se rattache aux créations de Dieu, c’est presque constamment par excès d’amour et d’admiration qu’elle se propage et se fortifie, et non par un sentiment répréhensible.

En rétrogradant jusqu’aux premiers âges des sociétés, chacune d’elles fournit des notions plus ou moins étendues, plus ou moins rationnelles sur l’origine de la terre et sur l’existence d’un déluge universel. Néanmoins, il est très-remarquable que les traditions des temps réellement historiques ne remontent, lacunes, au delà de l’épique où vivait Moïse, c’est-à-dire 1595 années avant la venue de Jésus-Christ ou près de trente-cinq siècles en arrière de nous ; et comme le récit de la Genèse ou la chronologie des Hébreux est la seule qui repose sur des faits qui ne peuvent être contestés, il faut nécessairement en conclure que la cosmogonie des autres peuples de antiquité n’est qu’une version plus ou moins altérée du livre sacré.

L’ordre de la création fut révélé à Moïse par Dieu. Donc tout ce que contient le récit de 1 Genèse ne saurait être mis en doute, puisque la parole de Dieu et l’expression de la vérité. D'un autre côté, les observations de la science, lorsqu’elles ont lieu avec sincérité, doivent confirmer et confirment effectivement les faits rapportés par l’historien hébreu puisque Dieu lui dictait son livre et q le rien dans la création ne peut jamais contredire ce qu’a annoncé le Créateur. Par suite de la même logique, tous les systèmes des géologues doivent contenir des vérités, puisque tous les phénomènes de la nature ont dû concourir aussi, dans, des proportions diverses, au même résultat. Si la cosmogonie de Moïse n’était pas une révélation, il faudrait convenir que ce saint personnage eût été un géologue bien surprenant, puisqu’il aurait expliqué, il y a trente-cinq siècles, les révolutions successives

DICTIONN. DE GÉOLOGIE, 1