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le graphisme est strictement phonétique, ce qui supprime toute difficulté orthographique et empêche les variations et les différences de prononciation engendrées par la bizarrerie orthographique et son inutile complication.

Enfin, l’accent en Espéranto est fixe et tombe toujours sur la pénultième ;

2o  Grammaire. — La grammaire de l’Espéranto est tout simplement une merveille de simplicité, de logique et de concision. Elle tient en seize règles. Pas d’exceptions, pas d’arbitraire, la clarté du grand jour, la limpidité du diamant. Exemples :

Un seul article : la, invariable.
O marque le substantif ; ex. : patro, père.
A marque l’adjectif ; ex. : patra, paternel.
E marque l’adverbe ; ex. : patre, paternellement.
J=I marque les pluriels ; ex. : bonaj patroj, bons pères.
N marque le complément direct et le lieu où l’on va ; ex. : mi amas la patron, j’aime le père ; li iras Romon, il va à Rome.
As marque le présent ; ex. : li amas, il aime.
Is marque le passé ; ex. : ni amis, nous aimâmes.
Os marque le futur ; ex. : ni amos, venos, nous aimerons.
Us marque le conditionnel ; ex. : ili amus, ils aimeraient.
U marque l’impératif-subjonctif ; ex. : venu, venez.
I marque l’infinitif ; ex. : paroli, ami, veni, etc., etc., etc.

3o  Vocabulaire. — Le vocabulaire espéranto a été choisi avec l’entente la plus parfaite du but et des conditions de la langue internationale. Il comprend deux éléments : 1o  les mots simples ou mots racines ; 2o  les mots dérivés. Les premiers sont au nombre de 1000 environ ; les seconds sont en nombre illimité et dérivent des premiers, soit par composition ou agglutination, soit à l’aide de préfixes ou suffixes, au nombre de 32.

Pour le choix des 1000 mots-racines, base du vocabulaire, le docteur Zamenhof s’est fait ce raisonnement : Une langue internationale devant a priori être formée d’éléments internationaux, je devrai choisir mes mots en proportion de leur internationalité, c’est-à-dire qu’entre deux mots connus, l’un de cent millions, l’autre de deux cents millions d’Européens, je choisirai le dernier comme le plus international.

Et comme le latin a fourni aux langues européennes un contingent considérable de mots qui forment un fonds commun international, il est arrivé, sans que le docteur Zamenhof l’ait prémédité le moins du monde, que les deux tiers de ses 1000 mots-racines sont pris dans le latin ou les langues néo-latines et