Page:Mieille — Conférence sur la Langue Internacionale « L’Espéranto », 1902.pdf/20

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 19 —

naires, toutes les gramaires qu’il voudra. Je défie qu’il s’en tire à son avantaje. Solécismes, barbarismes, impropriété des termes, sont autant de chausses-trapes tendues sur ses pas. Il s’y laissera choir infailliblement.

Mais donez-lui pour traduire cète fraze en espéranto les règles ci-dessus, un vocabulaire contenant les racines des mots à traduire et, sans héziter, il arriera à traduire correctement comme ci-dessous :

« Vi demandas min kiel vi povos helpi al la sukceso de nia granda ideo. »

Faites la même expérience pour la fraze suivante : « Je ne sais où j’ai laissé le bâton ; ne l’avez-vous pas vu ? » — À l’aide de son seul vocabulaire, le novice en espéranto aura traduit en un instant :

« Mi ne scias kie mi lasis la bastonon, cu vi gin ne vidis ? »

Essayez seulement, Mesdemoizèles, de faire traduire cète simple fraze à un novice en alemand ou en anglais, et vous verrez le rézultat et la diférence.

Nous avons énoncé plus haut le principe fondamental qui a prézidé à la formacion du dictionaire Espéranto : « Prendre les racines qui constituent le fond de la langue dans les langues mortes et vivantes européènes, en proporcion de leur internacionalité. » Grâce à ce principe fidèlement suivi, l’Espéranto a évité l’écueil où se sont brizés d’autres sistèmes. Son vocabulaire semble familier à première vue, parce que nous y retrouvons les éléments les plus uzuels de nos langues actuèles, et nous ne somes pas rebutés par le son ou l’aspect de vocables bizarres qui semblent venir d’un autre monde.

Mais examinons ce vocabulaire et nous en comprendrons tout de suite la merveilleuze facilité d’assimilacion.

La baze de ce vocabulaire est constituée par un milier de racines, prizes pour les deus tiers dans le latin ou les langues néo-latines, pour l’autre tiers dans les langues jermaniques et slaves.

Il existe, s’est dit le docteur Zamenhof, une quantité considérable de mots tirés du grec ou du latin, qui sont déjà internacionaus. Ainsi : algebro, atomo, formato, formulo, demokrato, ideo, literaturo, locomotivo, plano, telegrafo, etc. etc., la liste en est longue. Pourquoi ne pas les faire passer dans la langue internacionale, non pas parce qu’ils sont grecs ou latins, mais parce qu’ils sont internacionaus ?

Ces mots prézentés dans une ortografe fonétique qui serait forcément l’ortografe moyene, seront immédiatement reconus des 500 milions d’homes de race et de culture européène à qui est