LIVRE III
COQUETTERIES
Le Comte reprenait ses sens ; mais, soucieux,
Du côté du jardin il tourne encor les yeux.
O joie ! il a cru voir de loin à la fenêtre
La robe blanche encor paraître et disparaître.
Il a cru voir tomber comme un sylphe léger,
Qui, d’un vol lumineux franchissant le verger,
A lui comme un éclair parmi les verts concombres.
Tel un rayon jaillit hors des nuages sombres
Et colore un champ noir de reflets diaprés
Ou se mire brillant dans le ruisseau des prés.
Il saute de cheval, et, renvoyant sa suite,
Du côté du jardin seul il se précipite.
Il arrive à la haie, il y trouve des trous,
Et s’y glisse sans bruit à la façon des loups.
Par malheur il frôla des buissons de groseilles.
La jardinière, au son qui vient à ses oreilles,
Regarde autour de soi, ne voit rien, mais soudain
Elle s’enfuit pourtant jusqu’au fond du jardin.
Quant au Comte, au milieu de plants de patience,
D’oseille et de bardane, il sautille, s’avance,
Fait des bonds de grenouille… et, quand il eut rampé
Tout près, de quel spectacle il fut alors frappé !
Là, sous des cerisiers épars (culture étrange !)
Croissait d’épis divers un bizarre mélange :
Le froment, le maïs, l’avoine au poil follet,
La fève, et dans les fleurs, les pois et le millet.