LIVRE IX
LA BATAILLE (BITWA)
Ils ronflent, et si fort, qu’ils ne s’éveillent pas
A l’éclat de cent feux, au bruit de cent soldats
Qui se jettent sur eux : tel, le faucheux[1] épie
Les mouches, et s’abat sur leur troupe assoupie ;
Qu’une d’elles bourdonne, aussitôt le cruel
De ses longs pieds crochus lui porte un coup mortel.
Sommeil de noble est dur plus que sommeil de mouches ;
Nul ne bronche ; et pourtant des ennemis farouches
Les saisissent soudain, et, se penchant sur eux,
Les tournent en tous sens de leurs bras vigoureux.
Le Cruchon néanmoins, dont la tête solide
Résiste bravement aux vapeurs du liquide,
Le Cruchon, qu’un baril d’hydromel englouti
N’a jamais enivré ni même appesanti,
Bien qu’il ait longuement soupé, bien qu’il sommeille,
Donne signe de vie encore. Il se réveille
Et voit, non sans horreur, deux visages affreux
Qui se baissent vers lui, barbus et ténébreux.
Sur son visage il sent leur souffle et leur moustache ;
- ↑ La grosse araignée de muraille (ścienny) (opilio) qui s’appelle en polonais kosarz mot-à-mot faucheur et en français faucheux.