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En vain le jars s’agite et saute comme un fou.
Le Cruchon semble, sous ce duvet qui scintille,
Porté par son gibier qui sursaute et frétille,
Un étrange lutin qui dans l’air vole et brille.

Mais le plus grand carnage et le plus meurtrier
Est par le jeune Sak fait dans le poulailler.
Il pèche avec un croc les poulettes huppées
Et leurs sœurs dans leur cage à dormir occupées,
Les étrangle, et les jette à ses pieds en monceau.
C’est elles que Zosia nourrissait de gruau.
Hélas ! jeune imprudent, toi qui voulais lui plaire,
De Zosia désormais redoute la colère !

Gervais se fait donner comme dans l’ancien temps
Les ceintures qu’on roule aux kontusz éclatants,
Pour hisser de la cave à la troupe ravie
Des tonneaux d’hydromel, de bière et d’eau-de-vie.
On débonde les uns ; et les autres bientôt
Sont roulés au château : la foule comme un flot
S’y précipite. Là, près du Comte se groupe
Avec l’Etat-major presque toute la troupe.

Cent feux sont allumés : tout cuit, grille ou rôtit.
On entasse les mets ; la boisson s’engloutit.
Tous voudraient jusqu’au jour boire et faire ripaille.
Mais bientôt le bruit cesse ; on s’assoupit, on baille.
Les yeux se sont fermés ; les fronts se sont penchés :
Tous à leur place, au lieu d’être assis, sont couchés :
L’un tient encor un plat et l’autre une bouteille…
La fatigue a vaincu les vainqueurs : tout sommeille.