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DE LA PROPRIÉTÉ.

étrangers, et obligés d’aller mendier leur pain.

Le reste de cette coutume existe encore chez les Polonais. Si quelqu’un fait l’éloge d’un meuble ou d’un cheval, le propriétaire noble de ce meuble ou de ce cheval est obligé de l’envoyer tout de suite à la personne qui l’a loué; et lorsque, dans les pays étrangers, on regarde un tel éloge comme un compliment, en Pologne on a soin d’inculquer fortement aux enfants qu’ils aient à éviter aux propriétaires toute espèce de compliment et d’éloge, parce qu’on regarde ces éloges et ces compliments comme une manière adroite de mendier.

Le numéraire était tellement regardé comme une chose indigne d’un noble, d’un gentilhomme, dans la Pologne, déjà déchue du temps de la république, que le dernier gentilhomme de la vieille roche, encore imbu de tous les préjugés de la race, et possédant encore toutes ses qualités, le célèbre prince Radziwiłł, le plus riche de tous les propriétaires de la chrétienté, portait un habit déchiré et misérable, qu’il échangeait avec chaque noble qu’il rencontrait. Il n’avait jamais qu’un seul écu sur lui; après l’avoir dépensé, il en prenait un autre chez son trésorier: il disait que ce serait déshonorer sa famille que de porter dans sa poche plusieurs pièces d’or. Obligé