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Une fois la colonie peuplée et remplie, on songeait à en fonder une autre ; ce n’était pas une expédition à main armée, s’avançant à la conquête de territoires ennemis, c’était un déménagement paisible, lent, fécond, vers des contrées dont la culture attendait la main de l’homme. De nouvelles tribus, se séparant des anciennes, allaient s’étendant sans cesse à travers les terres labourables encore incultes, et peuplaient insensiblement les déserts.

L’organisation intérieure de ces colonies mérite une sérieuse attention ; elle ressemble beaucoup à celle des anciens habitants de la Grèce et du Latium. On trouve dans le savant ouvrage de M. Ballanche, sur les antiquités romaines, l’explication de bien des mystères de la vieille société slave. Il est probable aussi qu’une connaissance plus approfondie des coutumes du Nord pourrait servir à expliquer bien des monuments de l’antiquité romaine. Souvent, où manquent les documents historiques, quelques observations tirées de la vie traditionnelle, une simple chanson populaire, peuvent compléter d’imparfaits renseignements sur l’antiquité.

Il paraît que les projets de colonisation étaient toujours décidés par les conseils des vieillards ; mais jamais par des motifs d’économie ou des vues purement administratives.

Quand les vieillards avaient choisi l’emplacement de la colonie qu’on voulait fonder, on attelait à la charrue deux bœufs, l’un blanc, l’autre noir, et l’on traçait, en labourant le sol, les limites du nouveau village. · Cela s’appelait zagon ou le tracé des limites légales