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sieurs jours séparé de tout commerce avec les hommes ; puis il descend de sa solitude ; il proclame qu’appelé par la divinité à exercer ses vengeances, il va frapper le monde : il s’annonce comme le grand. justicier de Dieu. Lorsque la population de Bockara, population de 200,000 âmes, prosternée à ses pieds, lui demande pourquoi il veut la détruire, il répond qu’il n’en sait rien lui-même ; mais qu’elle a probablement péché, qu’elle a mérité le châtiment céleste, puisque Dieu a lancé Gen-Gis-Khan sur Bockara.

Si nous acceptons comme véritable l’idée que tous ces grands mouvements étaient inspirés par un sentiment religieux et se produisaient d’après l’ordre immédiat de la divinité, nous comprendrons facilement pourquoi les peuples slaves, qui n’admettaient, pas la possibilité d’un pouvoir surnaturel, n’ont jamais tenté de semblables expéditions.

J’ai dit que la religion slave excluait toute hiérarchie : quand on ne croit point à des rapports, à un commerce entre Dieu et l’homme, il n’y a pas de sacerdoce, et par conséquent pas de hiérarchie religieuse.

Les rois, dans l’opinion des Grecs, des Celtes et des Scandinaves, étaient les fils des dieux, les amis des dieux ou des esprits supérieurs ; l’idée de la royauté et celle de l’aristocratie reposaient donc sur la même base. Les Slaves n’avaient pas même de mot pour exprimer une caste ; les noms par lesquels on désignait les classes privilégiées sont empruntés aux peuples étrangers.

On ne connaissait pas non plus d’esclaves chez les