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domestique, sur l’état moral du peuple ; jamais l’explication de son état social et politique.

Cependant tous ces savants s’accordent sur les points principaux de la doctrine religieuse slave, avec ce que je vous en ai dit dans la dernière séance. On sait que les Slaves croyaient en un seul Dieu rémunérateur et vengeur ; qu’ils soutenaient l’existence d’un principe bon en lutte contre un principe mauvais ; enfin qu’ils reconnaissaient l’immortalité de l’àme. Par ce triple dogme, ils se séparaient moralement des Grecs polythéistes, des Celtes déistes, qui croyaient aux esprits, et des peuplades de l’Oural qui n’avaient aucune idée religieuse. ·

La religion des Slaves, n’ayant pas subi l’influence d’une révélation, a toujours conservé sa simplicité primitive ; mais aussi n’ayant point eu elle-même d’éléments de progrès, elle est restée continuellement frappée de stérilité. Les mythologies présupposent toujours un lien, des rapports entre Dieu et l’homme : il n’est pas de religion qui ne prenne sa source dans l’explication de ces mêmes rapports. La philosophie des Grecs, celle des Indous, les philosophies les plus anciennes, ne se sont jamais occupées que de résoudre le problème posé par une révélation vraie ou fausse. Aucune philosophie semblable n’a pu naître parmi les Slaves. L’esprit de ce peuple n’était point appelé à travailler à la solution de problèmes qui n’existaient pas pour lui. La religion, chez eux, était moins une loi qu’une opinion. Ils avaient des idées, des aspirations religieuses, ils n’avaient pas la parole, la parole qui proclame des