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Les Grecs donnaient aux peuples du Nord des noms vagues, qu’il est assez difficile de définir. Les Bysantins, dès le VIe siècle, entrèrent en communication directe avec les Slaves ; mais les écrivains byzantins, en leur qualité de magistrats, de chefs de l’empire, y étaient plutôt occupés de l’état social et politique des Slaves que de leur religion. Les Occidentaux qui pénètrent à la même époque, c’est-à-dire vers le VIe siècle, dans les pays slaves, nous fournissent des renseignements plus nombreux. Les écrivains de l’Occident étaient pour la plupart des moines, des évêques, des apôtres. Ils étaient obligés par état de connaître la mythologie, les idées religieuses des peuples qu’ils étaient appelés à convertir. Malheureusement, obéissant à une unique préoccupation, ils cherchaient partout le système mythologique des Grecs et des Romains, le seul qu’ils aient connu. Ainsi ils s’obstinaient a traduire en latin et en grec les noms des divinités slaves : ils retrouvaient partout Jupiter, Mercure, Vénus ; de cette manière ils ont effacé presque tout ce qu’il y avait d’original dans la mythologie des peuples du Nord. ·

Les savants modernes, les historiens, les mythographes ont presque tous suivi le système des savants du dernier siècle, des encyclopédistes français. Ils regardent aussi la mythologie comme un tissu de fables arbitraires, pour ne pas dire absurdes ; ils ne y croient pas à la possibilité de la ranger dans un ordre t quelconque ; ils n’ont jamais pensé à y puiser comme à une source d’histoire nationale. On cite quelquefois ces fables, on y cherche des renseignements sur l’état