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des Germains, des Mongols, de toutes les nations [ voisines de la Slavie.

Le germe social, c’est le principe religieux. Les Slaves admettaient l’existence d’un Dieu unique ; ils croyaient aussi à l’existence d’un esprit mauvais, d’un dieu noir en lutte avec un dieu blanc, souverain, rémunérateur et vengeur ; enfin ils croyaient à l’immortalité de l’âme. Ces trois dogmes principaux forment toute leur religion ; mais il est bon de faire remarquer qu’on n’y rencontre aucune idée de revelation, que nulle part il n’y est fait mention d’un lien entre la divinité et l’homme. Jamais Dieu n’a parlé aux Slaves ; jamais Dieu ne leur a envoyé son fils ou son prophète. La religion ne reconnaissant pas de revélation, la mythologie fut impossible parmi les Slaves, et cela se comprend, car la mythologie n’est certainement pas autre chose qu’une déviation, une corruption de la révélation.

La religion des Slaves, telle que nous la trouvons dans les historiens et les monuments les plus anciens ; telle que nous la retrouvons encore dans les contes populaires et la tradition, prouve l’antiquité de ce peuple qui est assurément parti de la Haute-Asie avant toute révélation. Il est impossible d’assigner une date à sa sortie de l’Asie ; mais il est certain qu’il n’a porté avec lui en Europe, aucune des idées communes à tout l’Orient depuis les temps d’Abraham. Sa religion est primitive, patriarcale, telle encore que nous la voyons dans le livre de la Genèse. Il y a un Dieu, un ennemi de Dieu, une âme immortelle ; il y a aussi une vague trace d’un crime commis, et qu’il