Page:Mickiewicz - Les Slaves, tome 1.djvu/66

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

peu à peu ils se sont concentrés autour des Karpathes, dans les limites que nous avons précédemment tracées.

Leur immense territoire paraît n’être destiné qu’à l’agriculture. Si nous jetons un coup d’œil sur les terrains situés entre les monts Karpathes et la mer Baltique, nous y voyons une vaste plaine couverte d’une couche profonde de terre végétale. On n’y rencontre ni ces rochers qui entravent l’agriculture, ni ces inondations des fleuves ou de la mer qui ailleurs stimulent les efforts de l’industrie et appellent les hommes à combattre la nature. Ce ne sont partout que des terres fécondes de la plus facile culture.

Les fleuves qui attirent les populations vers la mer, et les invitent sans cesse au commerce et à la navigation, étaient ici comme barrés par mille obstacles qui les séparaient de l’océan, cette grande voie de communication entre les peuples.

Le Borysthène, par exemple, dîabord arrêté par les cataractes, se perdait dans les steppes au milieu de tribus nomades hostiles aux Slaves. Le Niémen, la Vistule, vers la partie inférieure de leurs cours, étaient entourés de marais, également fréquentés par des peuplades ennemies adonnées aux brigandages. Les Slaves se sont donc trouvés de toutes parts confinés dans un vaste territoire de forêts et de prairies.

Ce territoire est divisé en trois zones différentes. La zone du milieu, dans toute sa longueur, à partir de l’Oder, n’était composée que de forêts. Ces forêts s’avançaient vers la Vistule ; passaient le Niémen, et avaient une immense étendue. D’un côté,