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intime et extérieure. Les Bédouins regardent encore une ville comme une prison ; il a été impossible, jusqu’ici, d’acclimater le Bohémien à un pays quelconque ; il est toujours resté vagabond.

Un Slave, quoique établi dans les steppes, ne mène point la vie nomade ; il ne les parcourt jamais qu’avec une répugnance mêlée d’effroi ; il veut un toit, une habitation fixe, quand elle serait située au milieu des déserts. Le ménage aratoire du laboureur a toujours été pour lui d’une indispensable nécessité.

L’infaillibIe instinct qui pousse les oiseaux, les animaux vers les climats qui leur sont propres, a, sans nul doute, conduit les peuples slaves des hauteurs de l’Asie, vers les territoires qu’ils ont occupés et où nous les retrouvons aujourd’hui.

Nous n’entrerons pas dans des discussions d’antiquaire sur l’histoire de leur migration, qui n’a aucun rapport, d’ailleurs, avec leur histoire littéraire ; cependant tout porte à croire qu’ils sont descendus par l’Asie mineure vers l’Europe. D’après les recherches d’un savant bohême et celles d’un savant russe, on trouverait des traces de leur antique existence sur le Bosphore. Ils en ont probablement franchi le canal dans les temps les plus reculés ; peut-être même, à cette époque, le canal n’existait-il pas encore. Une fois arrivés près des monts Karpathes, ils se sont vite répandus dans toutes les contrées de l’Europe ; mais, d’un côté, les peuples qui avaient une organisation sociale plus forte, qui s’étaient déjà emparés des terres de l’Occident, les repoussèrent vers le Nord ; de l’autre, ils furent refoulés par les tribus nomades ;