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carré que d’un ovale ; elle est presque de la même hauteur et de la même largeur. Les yeux sont beaux, bien ouverts, mais un peu enfoncés. On les trouve un peu petits, si on les compare à la tête. Le nez est droit, jamais aquilin ; la bouche rapprochée du nez, souvent trop large ; mais elle est fermée par des lèvres qui ne sont ni pendantes ni charnues ; cependant on trouve rarement une bouche slave aussi finement dessinée, par exemple, qu’une bouche persane, ou aussi serrée qu’une bouche indoue ou celle de quelques Arabes qui ont acquis un haut développement physique. Le caractère de ce peuple est la douceur ; ses passions sont plus vives que fortes ; il oublie facilement les injures et quelquefois les bienfaits ; il aime plutôt la distraction que le plaisir. Il a les cheveux chàtains ; mais, au nord, sa chevelure est d’un blond très clair, et, au midi, d’un brun foncé. La race blonde du Nord et la race brune du Midi, sont plus fortes, plus robustes que celle de la zone centrale. Ce peuple, comme je l’ai dit, paraît avoir été appelé par la Providence à cultiver la terre. Déja le profond philosophe allemand, Herder, a formulé la même pensée : il prétend que la destinée de cette race est avant tout d’établir son siège ici-bas, de prendre possession de la terre.

Je ne pense pas que le climat agisse sur les hommes aussi puissamment que le croient les philosophes modernes ; il est impossible de regarder l’humanité comme un règne à côté du règne animal et végétal. L’homme n’est pas la production du sol ; mais il est certain que l’homme a continuellement cherché le sol et le climat qui conviennent le mieux à sa nature