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nal. C’est donc par la littérature seulement qu’elle agit ; c’est par la parole vivante, c’est-à-dire par ce qu’un peuple a de plus intime et de plus fort, par ce qui résume la vie domestique et la vie historique, que la littérature polonaise peut encore exister.

Quant à la littérature bohême, ce que j’en ai dit dans la dernière réunion suffit pour la caractériser ; j’y renvoie mes contradicteurs.

On a aussi fait d’avance des objections au plan que je me propose de suivre, c’est le moment d’y répondre, parce qu’il faut que je trace dès maintenant ma route.

D’après quelques savants, j’eusse mieux fait de choisir une certaine littérature, une langue, comme centre, comme principe ; alors il ne me serait resté qu’à grouper autour de cette langue les différents dialectes nationaux.

Je réponds qu’aucune langue slave n’a jamais exercé une prépondérance assez décisive, pour qu’on doive la regarder comme langue dominatrice, comme principe, comme centre. Les pays slaves d’où s’est répandu le christianisme aspirent surtout à cette domination. Ils pensent qu’il nous suffirait de prendre pour base de nos études la grammaire slavonne, et que nous devrions nous en tenir à expliquer les livres publiés en slavon.

Il y a depuis quarante ans une secte littéraire parmi les Slaves, secte exclusive qui regarde la littérature polonaise et russe comme n’existant pas, qui la condamne comme hétérodoxe. Elle ne fait même pas d’ex-