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rature est encore intimement liée à la religion, à l’histoire, à la vie politique. Il suffit quelquefois de critiquer un poëte, pour remuer toutes les questions religieuses et politiques qui divisent le peuple slave ; pour faire prendre en quelque sorte les armes à des populations séparées par tant d’intérêts et de passions. Il m’est impossible d’entrer dans la polémique qu’on me propose ; elle n’aurait d’intérêt que pour la partie purement slave de mon auditoire. Cependant, vous me permettrez de répondre à certaines objections concernant des détails qui me paraissent de quelque intérêt.

On me reproche d’avoir fait une part trop large à la Russie, dans le tableau que j’ai tracé de la lutte du peuple slave contre la barbarie. J’aurais, à ce qu’on dit, passé sous silence les’combats des Polonais et des Lithuaniens contre les Mongols. D’abord, les Lithuaniens, une fois vainqueurs des Mongols, ont souvent profité de l’impulsion de ces derniers pour dévaster les pays slaves. Ils ont été pendant longtemps les alliés de la barbarie, et ont combattu la civilisation. Plus tard, seulement, ils furent réunis, par la Pologne, à la communauté chrétienne : les Lithuaniens sont donc en dehors de la question. Pour ce qui est des combats livrés par la Pologne contre les Mongols, ils n’ont jamais été décisifs. A la politique russe revient l’honneur d’avoir vaincu les Mongols, en employant habilement les armes de ces peuples contre eux-mêmes. La Russie se servait, par exemple, de la puissance des Khans de la Crimée, pour contenir les hordes des Tartares ; plus tard, elle