Page:Mickiewicz - Les Slaves, tome 1.djvu/56

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gardé de leurs conquêtes sur les Infidèles ; il ne leur en est resté que de grands souvenirs et la sympathie des nations. Les peuples se sont accoutumés à voir en elles les représentants d’une haute et généreuse pensée, les champions de l’avenir, combattant pour l’intérêt commun du monde. ·

Enfin les Bohêmes et les Russes offrent plus d’un point de ressemblance qui les rapproche de la race germanique.

Nul doute que si l’on poussait trop loin la comparaison, si l’on voulait l’appliquer dans tous ses détails, nul doute qu’elle ne finît par devenir fausse ; mais le Bohême, que les Allemands ont surnommé le bœuf, le Bohême honnête, laborieux et lent, enclin comme l’Allemand aux idées abstraites, représente assez bien l’esprit germanique au milieu des Slaves. D’un autre côté, le Russe me semble en tout rappeler l’Anglais, l’allemand normanisé ; tous deux ont la même persévérance tenace dans le but, la même force dans l’exécution. L’activité, la célérité qui les distinguent de la pesanteur de l’Allemand, ils les doivent peut-être a l’esprit normand qui s’est également acclimaté en Angleterre et en Russie.