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de l’analogie prodigieuse qui existe entre les deux parties de l’Europe séparées par cette longue ligne qui s’étend de Hambourg à la mer Adriatique. La lutte de la chrétienté orientale et de la chrétienté occidentale contre la barbarie offre des points de comparaison aussi curieux qu’instructifs. Ainsi l’Espagne, retranchée dans ses montagnes, a opposé aux Musulmans une barrière infranchissable ; la France, au contraire, s’est élancée vers les entreprises lointaines. L’Espagne défendait chez elle son existence, la France allait à la recherche de l’ennemi. La race germanique, peu à peu entraînée dans le mouvement commun, a insensiblement tourné à son seul profit les succès remportés sur les Barbares. Le margraviat d’Autriche, autrefois établi pour la défense de l’empire Franc contre les Infidèles et les Slaves, est parvenu à se faire l’unique héritier de toutes les conquêtes des armes chrétiennes sur cette même terre slave.

Les contrées montagneuses de l’Illyrie et de la Servie ressemblent, sous beaucoup de rapports, à l’Asturie et à la Catalogne. Leurs luttes guerrières et leur littérature offrent également plusieurs caractères semblables. Ce sont les pays aux entreprises aventureuses, aux joùtes chevaleresques ; il n’y est question que de princesses enlevées, de couronnes conquises à coups de lance. On se croirait transporté en Espagne, lorsqu’on lit les monuments littéraires des Serviens.

Pendant longtemps aussi, le sort de la Pologne fut celui de la France. L’une et l’autre n’ont rien