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chent avec une égale confiance du laborieux et consciencieux savant bohème ; car ce qui le distingue surtout, c’est sa haute et calme impartialité. Il tient pour son devoir le plus sacré d’élever la science au-dessus de toutes les questions du jour, de creuser le terrain historique au-delà de sa surface politique actuelle. En rappelant aux nations de même race leur commune origine, leur Église et leurs apôtres primitifs, il les convie continuellement à l’unité. Il parle avec la même vénération des saint Hyacinthe, des saint Jean de Cracovie, comme de saint Cyrille et Méthode ; il voudrait réconcilier les neveux de Kosciuszko avec les descendants de son vainqueur ; enfin, il aspire à noyer dans une seule et glorieuse lumière les souvenirs des luttes qui les divisent encore.

Si les Bohêmes ne réussissent pas mieux dans leur dessein, s’ils n’obtiennent pas des résultats plus heureux, c’est qu’ils ne se sont pas complètement affranchis des préjugés de leurs ancêtres, qu’ils s’appuient encore beaucoup sur la nationalité extérieure de race, et qu’ils ne tiennent nul compte de l’esprit qui anime et féconde les différentes nations. Néanmoins ils seront toujours regardés comme les patriarches de la science slave : ils ont produit des savants populaires, et on pourrait presque dire qu’ils ont. fait de la Bohême une nation de savants et de philologues.

Maintenant que nous avons sous les yeux tout le tableaux des pays slaves, si nous le comparons à celui que présente l’Occident, nous sommes frappés