que toujours que la côtoyer ; et, grâce à son heureuse position, il lui a été possible de donner de bonne heure quelque développement à sa littérature et à sa · politique. Dès le onzième siècle, l’hérédité du trône y fut établie, et l’indivisibilité du royaume garantie par les lois : deux pas immenses dans la carrière politique. La Bohême est le premier des pays slaves qui ait accepté la religion chrétienne comme base sociale ; c’est de là que le christianisme se répandit en Pologne, en Moravie et dans les États prussiens. La langue bohème a aussi été cultivée avant les autres dialectes slaves, elle possède des monuments littéraires du dixième siècle. Dans les XIe, XIIe et XIIIe siècles, elle comptait déjà un grand nombre d’ouvrages ; elle a même influé sur la formation et la culture de la langue polonaise.
Après l’extinction de la dynastie nationale, la maison de Luxembourg, qui régnait en Bohème, protégea les sciences et les arts ; plus tard la maison d’Autriche chercha aussi à développer chez elle les arts et la littérature ; mais, malgré tant d’avantages réunis, malgré une position heureuse, une longue tranquillité, une protection constante, les lettres bohémes offrent je ne sais quoi de morne et de froid. On dirait qu’un germe de malaise, de faiblesse mortelle, a été déposé au fond de cette société politique, qui n’a jamais pu arriver à avoir conscience d’elle-même et de sa mission au milieu des peuples chrétiens.
Peut-être est-ce cette tranquillité même qui fut la cause de ses malheurs. Tandis que la Russie, sous la terrible pression de l’atmosphère mongole, tendait