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à leur suite les populations qui restaient fidèles les unes à l’église catholique, les autres à l’église d’Orient. Il n’a donc pas été possible à ces chefs de fonder une monarchie, un état homogène, qui eût ses liens moraux. D’ailleurs le voisinage des peuples civilisés qui, à des époques plus tranquilles, aurait pu être utile aux progrès des sciences et des arts, ne pouvait qu’être nuisible en ces temps de luttes perpétuelles.

Les Grecs et les Romains, en important leur organisation sociale chez ces peuplades, y formaient de petits foyers qui n’avaient aucun lien avec la nature de la société indigène. Les chefs slaves, dominés par l’ascendant de la civilisation étrangère, ont souvent cherché à imiter l’organisation tantôt grecque, tantôt romaine, tantôt féodale. Aussi a-t-on vu un spectacle étrange, celui d’un chef servien créant en même temps des rois à l’exemple de l’ancienne Rome, des hauts barons à l’instar de la féodalité, et enfin des visirs, des agas, à l’imitation de la Turquie. Nous ne rencontrons donc point seulement ici des luttes entre deux religions rivales, mais aussi entre plusieurs éléments hétérogènes civils et politiques.

Cependant, au milieu de ces luttes des idées et des races différentes, il vint un moment ou tous ces pays furent sur le point de se réunir sous une seule domination, celle des rois serviens.

Vers la fin du XIIIe siècle, ou plutôt au commencement du XIVe, la maison des Niemania réussit à établir sa dynastie en Servie ; elle soumet même à son sceptre, beaucoup d’États voisins. Son empire s’étendait depuis la mer Adriatique jusqu’aux montagnes