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l’autre, le long de la mer Noire, il étend ses plaines au-dela du Borysthène et du Don, vers le Caucase. Il est impossible de désigner par un seul nom cette vaste contrée. Autrefois elle s’appelait Petite-Scythie ; elle touche à la Petite-Pologne et à la Petite-Russie. Une grande partie de ce territoire forme l’Ukraine, mot qui veut dire : pays de frontières. Ce territoire, qui n’est qu’une steppe vaste et déserte, mais riche en végétation, servait de pâturage aux chevaux des peuples barbares. Il est la grande artère qui rattache l’Europe au plateau de l’Asie centrale. C’est par cette voie que la vie asiatique entrait en Europe ; c’est là que les deux parties du monde se heurtaient l’une contre l’autre. Les oiseaux voyageurs, les sauterelles, les tribus nomades, la peste, prenaient ce chemin pour passer dans l’Occident. Les peuples qui voulaient arrêter l’invasion des Barbares, ou vider leurs querelles par le combat, descendaient dans ces steppes, pays neutres, champs de bataille par excellence. La, toutes les armées du monde se donnèrent rendez-vous, et les armées de Darius, et les armées de Cyrus, et celles de la Russie, et celles de la Pologne. Là, naquit un peuple connu sous le nom de Cosaques, mélange de Slaves, de Tartares, de Turcs. Ils parlent une langue intermédiaire entre le polonais et le russe. Ils passèrent tour à tour sous la domination de la Pologne et de la Russie. Leur littérature changeait d’idées, de formes, de tendances, suivant l’influence prédominante de la Russie ou de la Pologne. On y chantait les