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cette résistance simultanée, rien de commun ne s’établit entre les Russes et les Polonais. La lutte de ces derniers contre les infidèles offre un caractère particulier : la Russie résistait et souffrait ; la Pologne attaquait, succombait, triomphait tour à tour. Le récit de la guerre des Polonais contre les Musulmans est une suite de grandes victoires et de défaites terribles. La bataille malheureuse sous les murs de Warna, la mort de Ladislas et de l’élite de la noblesse polonaise, furent le signal de la perte de l’Illyrie et de la Servie pour la chrétienté, perte qui fut suivie de la destruction de l’empire d’Orient et de nouvelles invasions de la part des Turcs. Ils furent enfin repoussés dans une grande bataille ; Jean III, grâce à son génie militaire, parvint à renverser leur puissance dans le midi de la Pologne, il lui porta les derniers coups sous les murs de Vienne.

C’est ainsi que d’un côté les Mongols furent rejetés vers le Nord, que, d’un autre, les Osmanlis furent arrêtés au centre de l’Europe après une lutte longue et sanglante dont il ne reste plus de vestiges aujourd’hui ; car il y avait peu de villes alors, peu de monuments d’art et même peu d’ouvrages de défense pour se couvrir de l’ennemi, et les pays agricoles se relèvent vite, ils ne gardent pas longtemps les traces de l’invasion.