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et qu’elles n’ont dû leurs succès qu’à la lâcheté ou à l’inexpérience des peuples qu’elles attaquaient. Il suffit de lire l’histoire pour se convaincre que ces masses étaient bien disciplinées et commandées par de grands généraux. Les Slaves eurent à lutter pendant des siècles contre la formidable race des Mongols. La Russie, vaincue et écrasée, ne cessa de lui opposer une résistance passive ; tout en reconnaissant la souveraineté des Tartares, elle conserva sa dynastie nationale et sa religion, germes précieux d’une unité future. Le vaincu subissait d’affreux traitements de la part du vainqueur ; il était écorché vif ou jeté dans de l’eau bouillante. Cependant, l’espoir de l’affranchissement n’abandonna jamais la Russie qui cherchait à connaître, à approfondir les secrets de la politique de ses vainqueurs en l’étudiant au milieu de leurs camps. La Russie usa peu à peu ses chaînes, et, sans avoir eu à les secouer par un violent effort, elle se releva enfin libre et victorieuse. L’époque de cet affranchissement est assez difficile à déterminer ; néanmoins on peut la placer après la dernière destruction de Moscou par les Mongols. La Russie est aujourd’hui maîtresse d’une vaste partie de la Mongolie.

Mais les dangers qui menaçaient la chrétienté de ce côté ne furent pas les seuls ; elle avait aussi à combattre contre les progrès de l’islamisme, contre les Arabes et les Turcs qui cherchaient à pénétrer en Europe. Les peuples slaves se partagèrent la grande tâche de défendre la chrétienté. La Russie lutta contre les Mongols, la Pologne contre les Turcs ; mais dans