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frais des églises sur cette montagne sacrée dont ils sont regardés comme les suzerains, comme protecteurs. Les empereurs russes succédèrent aux chefs serbiens en cette qualité, et ils ont étendu leur protection religieuse sur tout le pays qui dépend de l’Église orientale.

Les anciens rois serbiens, dans le malheur, se faisaient souvent moines et se retiraient dans cette contrée mystérieuse. Le célèbre Siméon est enterré dans une de ces églises ; mais on n’a pas voulu lui élever un monument de peur qu’il ne fût profané par les Turcs. Le pays des Latins est au contraire regardé par les Serbiens comme une contrée fertile en aventures romanesques : c’est un pays de chevalerie.

Les Slaves, dès le moyen âge, ont ressenti l’influence de l’Occident ; ils furent aussi agités par l’esprit de croisade. Leur pays se trouvait sur le chemin des croisés. La première croisade est passée par la Serbie ; plusieurs chefs allemands dirigeaient des Slaves allant combattre les Turcs. Les croisés n’eurent qu’à se louer de la réception que leur faisaient les Slaves, à part quelques combats partiels que leurs troupes indisciplinées eurent à soutenir contre les montagnards serbiens.

Mais à l’époque où nous sommes arrivés, déjà les croisés n’apparaissent plus dans ces contrées, et les idées des Serbiens sont changées complétement. Jusque à, l’Occident était représenté par l’empereur et par les chevaliers francs ; maintenant on ne les connaît plus. Venise a remplacé, pour les Slaves, l’empereur et les chevaliers ; cette ville leur repré-