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l’indépendance de Montenegro comme assurant leur frontière.

La poésie de Montenegro tout entière roule sur des événements domestiques, sur des guerres partielles contre les Turcs. Chaque tribu a le droit de faire la guerre, de conclure quelquefois la paix sans demander des conseils à personne.

La poésie décrit aussi les cérémonies de la vie domestique, c’est-à-dire les fêtes et surtout les noces. Celle-ci est la cérémonie la plus importante de la vie dés Serbiens, celle qui est le plus souvent décrite dans toutes les chansons, dont nous lirons plus tard quelques extraits. La femme, chez les Serbiens, ne jouit d’aucune espèce d’indépendance. Elle est obligée de travailler non seulement dans la maison, mais encore dans les champs, l’homme s’occupant plus particulièrement des choses de la guerre. Les jeunes gens qui se marient ne choisissent pas leurs épouses ; ce soin appartient au chef de la famille. Il arrange le mariage quelquefois une vingtaine d’années avant sa célébration. Dès que le mariage est conclu, le nouveau marié est obligé d’appeler tous ses anis, tous ses parents, pour en former un cortège splendide, afin d’en imposer à la population. Le souvenir de ces mariages se conserve des siècles, et on les chante comme des événements extraordinaires. Le parent le plus proche conduit la fiancée. Elle lui est confiée comme un dépôt sacré, il doit la remettre à son mari. Il y a encore d’autres personnes officielles employées dans cette cérémonie ; elles portent des titres et des costumes différents. Il