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tendent qu’il vit toujours et qu’il doit reparaître. La nationalité serbienne s’est éteinte à peu près de cette manière, ou plutôt s’est endormie dans les montagnes. L’empire serbien, en effet, ayant été détruit dans la plaine, les populations indépendantes des Montenegrins et de quelques districts maritimes ont conservé seules les traditions historiques et poétiques du peuple slave.

Une nouvelle poésie commence après l’époque de la lutte contre les Tures. Ce nouveau cycle littéraire est composé de romans, contenant le récit des aventures, des exploits guerriers ou amoureux de quelques individus importants de l’histoire serbienne. Le plus beau poëme qui existe dans la langue serbienne appartient à cette classe de compositions ; il est aussi un des plus longs. Il se compose de douze à treize cents vers, que les aveugles chantent de mémoire, sans en oublier une seule strophe. Il a donc l’étendue d’un chant de l’Iliade.

La composition de ce poëme est des plus simples ; le merveilleux n’y règne pas ; ce n’est pas un monde entier, une épopée que le poëte a eu à créer, c’est un récit où l’action est des plus concentrées. Il serait difficile de trouver chez aucun peuple une œuvre poétique de ce genre aussi achevée, aussi bien conduite dans tous ses détails que le poëme sur le mariage du fils d’Ivan.

Ivan, chef bosniaque, qui, par les femmes, descendait de la famille des rois serbiens, harcelé par les Turcs, chercha un refuge dans les montagnes de Montenegro. Le poëme raconte le mariage du fils de