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maîtres de la Turquie. Encore aujourd’hui, ils possèdent, quoique peuples subjugués, la presque totalité du sol. Les Slaves pauvres occupent les arides montagnes de l’intérieur du pays. Les Grecs riches sont maîtres des plaines fertiles. Aux Grecs le commerce, les arts, les belles villes, la joie ; aux Slaves l’agriculture, les campagnes, les rudes travaux et les peines. Or, ces derniers, se trouvant beaucoup plus nombreux que leurs frères helléniques, cherchaient naturellement à refouler ceux-ci pour hériter de leurs richesses. De là cette antipathie entre les deux peuples, qui date du moyen âge.

» Les Turcs vinrent, comme plus tard les Allemands sont venus en Hongrie, en qualité de protecteurs et non de maîtres. Les Grecs reçurent avec joie leurs alliés, les Turcs, qui abusèrent, comme toujours, de leurs forces, et plus tard devinrent conquérants. »

L’auteur finit par établir, comme je l’ai dit, que la question orientale est surtout slave, et qu’elle ne peut se résoudre que par une immense révolution, par une réorganisation de l’Orient qui affectera profondément l’état politique de l’Europe. D’après ces considérations, il était facile de prévoir l’issue de la question d’Orient. Les Grecs étant obligés de s’appuyer sur les Slaves grecs, de leur côté, les Slaves catholiques et les populations de la Syrie catholique, ne trouvant aucun appui en Europe, naturellement la cause de l’Orient devait rester sous la dépendance de l’empire russe.

Cet état de choses et cette position des Slaves détestant les Grecs, craignant les Latins, subjugués